vendredi 12 janvier 2024

Promenade enchanteresse dans la Reserva Ecológica Costanera Sur à Buenos Aires...

    Nous sortons de l’appartement après le déjeuner. Nous montons à bord d’un taxi à l’arrêt au feu rouge juste devant la résidence. J’ignore notre destination ; Patrick me réserve une surprise. Orlando Oscar nous dépose une quinzaine de minutes plus tard au Puerto Madero à l’angle des rues Macacha Güemes et Juana Manzo, où se situe l’hôtel Hilton. Nous passons devant l’attrayant gratte-ciel de la compagnie YPF dont l’acronyme signifie Yacimientos Petrolófilos Fiscales. YPF est l'une des plus grandes entreprises pétrolières et dérivés d'Argentine. Elle emploie, directement ou indirectement, plus de cent mille personnes dans tout le pays. L’État argentin détient 51 % des actions et les 49 % restants sont cotés à la Bourse de Buenos Aires. Dans les minutes suivantes, nous arrivons devant le Monumento al taxista.  

    Le monument aux taxis de Buenos Aires, à l’aspect du bronze, fut réalisé par Fernando Pugliese, plasticien, musicien, avocat et historien… créateur de plus d'un millier d'œuvres. La légende raconte que, lorsqu'il était enfant, Fernando, qui étudiait dans une école de Quilmes, aurait sculpté les visages de ses professeurs sur le bois de ses crayons. L'œuvre représente un chauffeur accoudé à son vieux Siam Di Tella, une voiture de tourisme fabriquée en Argentine dans les années cinquante sous la licence de British Motor Corporation. Emblème des années 1960, la Siam Di Tella fut durant longtemps le modèle choisi par les chauffeurs de taxi pour sa robustesse et sa noblesse. La voiture gagna sa renommée grâce à son faible coût d'entretien et à sa mécanique simple. Nombre de chauffeurs de taxi parcoururent à son bord largement plus d'un demi-million de kilomètres. Aujourd'hui, la ville de Buenos Aires compte plus de quarante mille taxis peints en jaune et noir pour respecter une ordonnance de 1967 ; auparavant, aucune couleur n’avait été prédéfinie. Peints de n’importe quelle couleur, les taxis étaient identifiés par un « drapeau », posé sur « l’horloge taximétrique », sur lequel était imprimé le mot « libre » en lettres blanches sur fond rouge. Le long de l'avenida de los Italianos, l'homme accoudé tient dans sa main droite le traditionnel portefeuille rectangulaire en cuir, un classique dans son métier. L’œuvre, inaugurée en novembre 2012, réalisée en grandeur nature, rend hommage aux milliers de conducteurs qui, jour et nuit, faisaient et font partie du paysage de Buenos Aires. Le monument dédié aux chauffeurs de taxi fut commandé par le Syndicat des travailleurs de Taxi qui en fit don à la ville…

Nous longeons une lagune entièrement couverte d’algues de couleur marron. Deux tours jumelles montrent un grand espace ouvert entre les premiers étages. D’anciens camping-cars stationnés le long de l’avenue attirent les regards dont un où je lis sur la carrosserie les mots « La oveja viajera de la familia » [Le mouton voyageur de la famille]. Nous arrivons devant la Reserva Ecológica Costanera Sur. Nous sommes devant l’entrée Ingreso Viamonte. Le parc naturel se dévoile. Nous suivons un parcours établi, entretenu et parfois ombragé, qui longe les flots de l’océan. Un papillon aux ailes bleu indigo et noir se pose devant nous… le temps d’une photo. Par endroits, des arbres magnifiques élancent leurs branchages étoffés dans le ciel d’azur. Nous voyons à distance un navire Oceania à quai au terminal de Cruceros Quinquela Martín. Au premier plan, je suis séduit par la jetée sur pilotis qui avance dans les flots à la fin de l’avenida Lanchas. Des fleurs charment nos regards de temps à autre. Patrick entend des oiseaux qui gazouillent joyeusement. Les flots sont fougueux et les vagues se jettent en rouleaux sur le rivage accidenté et rocailleux. Une jungle nous sépare des gratte-ciels du port Madero qui étonnent aux travers des ramures et de la végétation sauvage luxuriante. Un arbre s’épanouit presque allongé, les branches dans l’eau. Un arbre ressemble à un arbre bouteille australien, de ceux admirés à Brisbane durant l’hiver 2017. Régulièrement, nous voyons des bancs tournés vers les flots pour la détente et la rêverie des promeneurs. Par endroits dans les flots, de hautes herbes sont bercées par le mouvement des vagues dans un gracieux va-et-vient. De temps à autre, des libellules font du surplace à nos côtés lors de notre plaisante avancée le long des flots ocre rouge. Parfois, ce sont des monarques qui volettent autour de nous. Un énorme dattier se laisse admirer. Un peu plus qu’à mi-parcours, nous découvrons la plage de Rio de la Plata, privée du traditionnel sable des cartes postales. Une promenade sous forme de passerelle en bois traverse la plage où de nombreuses personnes et familles profitent d’un temps de bien-être. Certaines pique-niquent. Des vélos sont posés contre des rambardes en bois. J’attarde mon regard sur un superbe flamboyant rouge.

Plus avant, les cheminées de l’usine d’électricité Enel Generación Costanera s’élèvent dans le ciel bleu. Nous sortons de la réserve vers les Fuente Monumental Las Nereidas, par la sortie Brasil qui nous offre des vues superbes sur la Laguna de los Patos. La végétation luxuriante est dominée par les gratte-ciel dans une vision saisissante. Nous marchons sur l’avenida Dr. Tristán Achával Rodríguez qui longe la réserve. Patrick voit au bord de la chaussée un camping-car immatriculé en France dans le département 64. Nous bavardons avec Greg de Titou Aventures. Originaire du pays basque, Greg et sa famille, Sandra et Mathéo, effectuent un road-trip depuis le Mexique qui se poursuit actuellement en Argentine. Il nous dit que voyager, c’est vivre pleinement sa vie. Plus avant, nous nous attardons pour assister à une « récolte » d’algues dans la lagune de Los Coipos, probablement pour servir d’engrais dans les cultures. Une boucle se termine quand nous arrivons au monument aux taxis. Nous prenons la direction de l’hôtel Hilton. Nous montons dans un taxi qui s’arrête à un feu rouge. Julio nous prend à bord peu avant seize heures. Il nous dépose près de chez nous. Nous lui souhaitons la bonne année ; il lève le pouce avec un sourire.

La jeune Eugenia nous accueille au Starbucks près de chez nous. Après les près de neuf kilomètres parcourus dans la réserve, nous prenons plaisir à siroter chacun un chocolat chaud confortablement installés sur des chauffeuses en cuir fauve patiné. Je pense à Sylvain Tesson qui s’est guéri après son accident en marchant en sillonnant la France. Ce matin, Patrick a acheté sur le Kindle son dernier livre « Avec les fées ». La jeune fille blonde assise sous la fresque de la princesse Starbucks s’apprête à se lever quand je m’approche avant de sortir pour faire une photo. Je l’invite à rester assise avec un grand sourire. Patrick tient mon gobelet venti des fêtes et je le photographie devant l’icône de Starbucks qui a guère changée depuis le premier café de Seattle où nous avions photographié le tout premier emblème. Avant de sortir, je souhaite feliz año à la jeune fille blonde qui me la souhaite également avec un radieux sourire. Dehors, sur le pas de la porte, une jeune fille et un jeune garçon se rejoignent, se sourient avec joie et s’enlacent dans un étonnant ralenti qui me rappelle l’étonnant film « Star Trek Insurrection » où Anij ralentit le temps pour Jean-Luc Picard sur la planète des Ba'ku…

































































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