dimanche 28 janvier 2024

Déjeuner au restaurant El Muelle sur la jetée du Club de Pescadores à Buenos Aires et traversée du barrio Mugica...

    Nous sortons de l’appartement vers onze heures trente. Dans les minutes suivantes, nous roulons en direction de l’aéroport Jorge-Newbery, sans toutefois aller prendre un avion. Le chauffeur du taxi nous dépose une dizaine de minutes plus tard le long de l’avenida Rafael Obligado devant le Club de Pescadores (Pêcheurs) situé sur une jetée qui s’avance au loin dans l’océan. Nous nous promenons le long de la côte en attendant le déjeuner. L’aéroport est proche et des avions atterrissent et décollent. Je prends des photos de deux appareils qui atterrissent. Pour être à l’heure au restaurant El Muelle (La Jetée), nous revenons sur nos pas sous le chaud soleil avant d’atteindre la plaza Puerto Argentino où un imposant monument à Christophe Colomb se dresse fièrement. Une partie du trajet s’effectue sous la ramure des arbres alignés le long de l’avenue. Le restaurant a pris place au premier étage du Club des Pécheurs.

    La jetée longue qui appartient de nos jours au Club, longue comme dix pâtés de maisons, fut utilisée au siècle dernier par les compagnies charbonnières françaises pour décharger leurs produits en Argentine qui étaient amenés directement dans des wagons de chemin de fer dont les voies arrivaient jusqu’au quai. La jetée entra dans l’oubli avec la cessation de cette activité et fut progressivement détériorée par les éléments.  Son retour à la lumière fut l’œuvre d’un groupe de pêcheurs qui la réparèrent et la modifièrent pour pouvoir y pratiquer la pêche. Ainsi naquit en août 1903, le Club de Pescadores, la première entité du genre en Amérique latine. Dans les années vingt, une grosse tempête provoqua d’énormes dégâts aux infrastructures précaires que les pêcheurs avaient construites. Les pilotis de la jetée furent mis à rude épreuve et certains furent détruits par la fureur des eaux déchaînées de la Plata. Après plusieurs rebondissements, grâce au président de l'époque, Marcelo Torcuato de Alvear, ils purent construire un nouveau quai et  remettre en état la jetée. Le début des années trente vit l’édification du siège du Club dans une bâtisse de caractère dont les plans furent dessinés par l'ingénieur Julio Quartino qui supervisa les travaux avec pour objectif : construire un joyau architectural dans la ville de Buenos Aires. Il fut inauguré en janvier 1937. Deux années s’écoulèrent. L'agence Reuters installa une antenne sur la tourelle du bâtiment pour lancer une station de réception d'informations de l'extérieur vers l'Argentine. Le Club fut le premier endroit du pays où l'on apprit que la Seconde Guerre mondiale était terminée. Des années plus tard encore, le restaurant El Muelle ouvrit ses portes en offrant une vue imprenable du Rio de La Plata…

    Karina est notre hôtesse pour le service au restaurant El Muelle situé à l’étage du « Club de Pêche ». Elle m’apporte une chaise rembourrée de la salle pour remplacer celle en plastique de la terrasse. Elle m’indique le mot de passe pour la connexion wifi à la carte des mets. Nous optons  de concert pour des Penne à la tomate concassée, ajo, vino blanco, oliva y albahaca. Patrick ajoute une Ensalada mixta et moi des Vegetales asados. Un couple d’Americains arrive escorté par un membre de la compagnie Oceania cruises avec laquelle nous avons vogué l’été dernier vers la Turquie ; il est invité à prendre place à la table des deux croisiéristes. J’imagine une vie plaisante pour ce couple inconnu qui me renvoie à certains conditionnements de mon enfance. Les mets sont savourés sur la terrasse qui s’anime d’autres convives. Le vent frais marin souffle plaisamment. Un porte containers navigue au large. Des avions décollent et atterrissent régulièrement sans discontinuer. Le bruit au décollage est très bruyant. Nous nous offrons chacun en dessert un Volcán de chocolaté que je déguste avec une manzanilla. Les minutes s’éclipsent agréablement. Les quatorze heures passent sur la pointe des pieds. D’autres convives arrivent. Pendant que je suis aux toilettes, Patrick bavarde avec Monica, une jeune femme américaine qui vit à Buenos Aires depuis cinq ans. De mon côté, je bavarde avec Jorge, l’escorte du couple américain qui est Argentin. Il travaille au sol pour les navires de croisières qui font escale dans la capitale argentine. Nous sortons du restaurant après quatorze heures trente.

    Nous nous promenons le long de l’estuaire et dans le Parque Carrasco qui manque cruellement d’arbres pour pallier l’ardeur des rayons solaires. Nous allons ensuite vers le monument à Christophe Colomb. Un bateau en bois est échoué au bord de l’eau. Après une promenade sur la place située juste devant l’aéroport, nous intégrons la petite file d’attente des taxis. Un homme calcule le coût du trajet jusqu’à Callao avec une application d’un smartphone. La course revient à quatre mille pesos. Nous montons à bord du taxi de Rebeca qui emprunte l’autoroute Dr Arturo Umberto Illia laquelle traverse le quartier aux habitations de fortune colorées Padre Carlos Mugica. D’une longueur de moins de quatre kilomètres, l’autoroute succède à l'avenida Leopoldo Lugones qui longe la zone de l’aéroport pour se jeter dans la large avenue 9 de Julio où se trouve l’obélisque de Buenos Aires. Voici quelques informations liées à la naissance du quartier qui, après diverses appellations, porte le nom du Père Mugica, un religieux du mouvement des prêtres du tiers-monde assassiné en mai 1974 dans une embuscade. Entre 1880 et 1910, avec l’essor de l'exportation de produits agricoles et autres, la ville de Buenos Aires connut une croissance exponentielle ; quatre millions d’immigrants arrivèrent en Argentine dont les deux tiers s’installèrent à Buenos Aires. Le barrio (quartier) Mugica s’apparente à un bidonville qui vit progressivement le jour à l’époque où des descendants des immigrants fut privés de travail suite la crise de 1929 qui stoppa la création très progressive en plusieurs étapes, commencée en 1911, du second port de Buenos Aires. Le premier, le Puerto Madero, opérationnel depuis 1898, fut dépassé par l’ampleur du développement économique à la croissance exponentielle de la ville. Le développement du nouveau port fut ambitieux puisqu’il fallait combler plusieurs hectares de l’estuaire Río de la Plata pour la création des nouveaux quais. La première partie des travaux fut inaugurée en 1919 et l'aménagement des quais se fit par étapes jusqu'à l’éclatement de la crise économique mondiale de 1929. Le quartier Mugica est très emblématique en raison de son emplacement stratégique entre l’aéroport et les quartiers les plus recherchés de la ville. De nos jours, plus de la moitié des quelque quarante mille habitants du quartier ont moins de vingt-quatre ans.

    Rebeca nous dépose près de chez nous. Micaela nous accueille au Starbucks à seize heures. Juan prépare les boissons chaudes. Un monsieur lit au comptoir tout en sirotant une boisson chaude. Le café a pris place dans un édifice inauguré en 1911…






































Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

André et Patrick auront plaisir à lire vos impressions sur le blog...