jeudi 8 février 2024

Rencontre en décalage temporel avec Corina Kavanagh et Ernesto Tornquist dans le prestigieux passé de Buenos Aires...

    Nous sortons de l’appartement après le déjeuner. La chaleur est élevée comme hier. Nous prenons la direction de la rue piétonne Florida. Nous traversons le parc Vicente López. Après Paraná, nous prenons à gauche dans la rue Marcelo Torcuato de Alvear. Nous nous attardons en chemin devant le Palacio Paz qui abrite un musée et le restaurant Croque Madame. Je bavarde avec une jeune femme qui « filtre » les entrées. Elle nous autorise à passer pour prendre des photos.

    Le Palacio Paz fut la résidence la plus grande et l'une des plus luxueuses de la ville de Buenos Aires. Propriété de José C. Paz, fondateur du journal La Prensa, ambassadeur d'Argentine à Paris de 1885 à 1893, membre important de l'aristocratie, il dirigea le pays à la fin du  dix-neuvième siècle. En 1900, José voyage en Europe en tant qu'ambassadeur d'Argentine et vit de nombreuses années à Paris. Fasciné par la culture française de son époque et par les châteaux de la Loire, il charge l'architecte français Louis-Marie Henri Sortais de concevoir un château d’environ douze mille mètres carrés couverts riche de près de cent cinquante pièces et d’un grand jardin d'hiver. La construction s’étala sur douze années. Le château fut habité par José et sa famille…

    Plus avant, nous arrivons sur la plaza San Martín. Nous admirons le long de la rue Florida, en face de la place San Martín, deux édifices emblématiques de la ville qui se touchent : le gratte-ciel Kavanagh et l’hôtel Plaza, fermé de nos jours.

    Corina Kavanagh (1890-1984), dont la dépouille réside au cimetière de Recoleta, fut une éleveuse argentine de la première décennie du  vingtième siècle. Elle est connue pour avoir commandé et financé la construction du gratte-ciel qui porte son nom le long de la rue Florida à Buenos Aires. Ses parents, John Patrick et Elisa, émigrèrent d'Irlande vers l'Argentine où ils devinrent de riches propriétaires fonciers. Corina et son frère Diego naquirent sur le sol argentin. En juillet 1912, elle épousa William Ham Kenny, également d'origine irlandaise, plus âgé que son père, propriétaire foncier millionnaire et ami de la famille. Après la mort de son mari, elle se remaria plusieurs fois durant sa vie, sans succès et sans enfants. Immensément riche grâce à la fortune de son premier mari, Corina aimait les bijoux, vivre en société et voyager de par le monde. En 1934, elle décida de s’offrir, en le finançant, le premier gratte-ciel d'Amérique du Sud, un hybride entre les styles moderniste et art déco, doté de plus de cent appartements de luxe répartis sur une trentaine d’étages. Corina se réserva tout le quatorzième étage dont la vue à 360 degrés embrassait le Río de la Plata, la plaza San Martín, le Retiro et la calle Florida. Elle résida fort peu dans son appartement avec terrasses et jardins, de près de huit cents mètres carrés, au sol entièrement embelli de chêne de Slovénie, préférant sa belle maison du quartier d'Olivos à la périphérie de Buenos Aires. Un jour, elle décida de le mettre en vente. Il fut acheté par la famille Roberts qui le vendit plus tard dans le flot du temps la somme de six millions de dollars américains à un noble britannique, Lord Alain Levenfiche, né en 1951 à Paris et qui reçut toute son éducation à Londres…

    Lors de la construction de son gratte-ciel, Corina fit en sorte de faire réaliser un passage direct pour accéder à la réception de l'hôtel Plaza situé tout à côté. Elle souhaitait que ses amis et ceux des autres résidents puissent loger à deux pas… L’Hôtel Plaza, le premier hôtel de luxe cinq étoiles de Buenos Aires, fut inauguré en juillet 1909 en grande pompe en présence de l'aristocratie argentine, en l’absence de son propriétaire fondateur, Ernesto Tornquist (1842-1908), homme d'affaires, membre du Congrès et banquier, qui voulait un hôtel comparable aux hôtels célèbres de Londres, Paris et New York. Son hôtel fut dessiné et réalisé par l'architecte allemand Alfred Zücker, le même qui fit construire la cathédrale Saint-Patrick de New York. Le décor rivalisait avec celui du château de Versailles. Écrivains, artistes, présidents, rois et reines, célébrités du monde entier le choisirent comme résidence lors de leurs voyages à Buenos Aires. En l’absence du gratte-ciel de Corina, la clientèle pouvait voir le passage des bateaux le long du Río de La Plata. Dans le flot du temps, l'hôtel fut acheté aux héritiers d' Ernesto par le groupe Sutton Dabbah, qui possède également le Palace Alvear situé sur l'avenue du même nom et les bâtiments des Galerías Pacífico. L’hôtel Plaza a été exploité par la chaîne américaine Marriott. Il a fermé ses portes en 2017 pour être rénové et modernisé. Toutefois, nous ignorons aujourd’hui pourquoi l’hôtel est toujours fermé…

    Nous marchons ensuite le long de la rue piétonne Florida à la recherche d’un magasin de chaussures. Nous entrons dans le magasin Solo Deportes. Jimena nous accueille. Patrick achète une paire de chaussures bleues Converse pour remplacer celles qu’il porte de la même marque. Nous allons ensuite au magasin Dexter à l’angle de Corrientes. Contrairement aux informations que j’ai recueillies sur Internet, la marque Skechers est absente de leur gamme de chaussures. Nous suivons ensuite la rue piétonne Lavalle pour revenir tranquillement chez nous. Je m’attarde un instant devant l’entrée de la Galeria Luxor. Sur Santa Fe, Santiago nous accueille chez Elepants. J’achète un pantalon coloré du même confort que celui acheté précédemment.

    Avant seize heures, Valen nous accueille au Starbucks. Nous sirotons chacun tranquillement un chocolat chaud (leche de coco pour moi) sur des cabriolets en cuir patiné le long du vitrage. Patrick parle de Claude Vorilhon, dit Raël, né en septembre 1946 à Vichy, dans l'Allier, le fondateur et gourou du mouvement raëlien, objet de nombreuses controverses. Il a commencé de regarder une première vidéo sur quatre sur la secte. Nous parlons de clonage et de transfert de conscience. Un jeune garçon de quelque huit ans entre dans le café pour demander de l’argent. Souriant, détendu et sûr de lui, il reçoit mille pesos de Patrick…
























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