samedi 17 février 2024

Chemins de traverse pour aller découvrir la demeure de Ricardo et Julieta Rojas...

    Après le déjeuner, je termine la lecture de l’enquête « La boîte en carton » de Sherlock Holmes où l’alcool, la jalousie, la méfiance et la violence mènent à bien des drames humains. Sherlock se demande : « A quelle fin tend ce cercle de misère, de violence et de peur ? » Nous sortons pour aller découvrir la demeure de Ricardo et Julieta Rojas, repérée précédemment lorsque j’ai acheté des sandales chez Briganti. Nous suivons des chemin de traverse. Le long de l'avenue Callao, nous passons devant la « Embajada de Siria » [Ambassade de Sirie]. Plus avant, nous prenons à droite dans Viamonte. Le Starbucks à l’angle de la rue montre deux vitrines décorées d’une fresque. Nous prenons à gauche dans Riobamba et, un bloc plus loin, à droite dans Tucumán. Mon regard se promène. Je m’attarde devant un édifice de caractère dont l’appartement de l’avant-dernier étage bénéficie d’une marquise, bien pratique pour pallier les rayons solaires. Plus avant sur la rue, une deudeuche, orange et vert, enfin ce qu’il en reste au niveau peinture, se remarque au bord du trottoir. Durant un temps donné, tout comme nous, elle a traversé l’océan Atlantique. Nous avons la surprise de traverser la rue Boulogne Sur Mer. Deux blocs plus loin, nous prenons à gauche dans la rue Jean Jaurès. Un parfum de France semble flotter sur le quartier. Je m’attarde devant quelques maisons aux façades peintes artistiquement. Nous faisons demi-tour à l’angle de la rue Zelaya et nous suivons la rue Jean Jaurès dans l’autre sens qui débouche devant le parc de la plaza Monseñor Miguel de Andrea, le long de l’avenue Córdoba. Après avoir suivi la rue Dr. Tomás Manuel de Anchorena, nous parvenons à notre destination le long de la rue Charcas où l’entrée de la Casa Museo Ricardo Rojas se dévoile au numéro 2837. Nous pénétrons dans la cour intérieure. L’accès au musée est gratuit.

    Ricardo Rojas (1882–1957) était un poète, écrivain, essayiste, orateur, homme politique et historien argentin. Son père gouvernait la province de Santiago del Estero. Ricardo passa son enfance dans le village de Antajé. Adolescent, il poursuivit à Buenos Aires sa formation académique. Très jeune, il travailla pour le journal La Nación en tant que correspondant en Europe, mandaté par le ministère de l'Éducation.

    En 1920, il participa aux hommages rendus à Manuel Belgrano à l'occasion du centenaire de sa mort. Entre 1917 et 1922, il commença l’écriture de son œuvre « Histoire de la littérature argentine », un recueil de huit volumes composé de quatre mille pages qu’il acheva en 1949. 

    Alors professeur à la première chaire argentine de littérature, en 1922, il proposa de transcender la culture européenne et américaine sous l'appellation Eurindia. Ce néologisme de l'auteur fut développé dans son ouvrage « Eurindia », publié deux ans plus tard, où il constata l'existence d'influences indigènes et européennes sur l'identité argentine…

    Ricardo assura le poste de doyen de la Faculté de philosophie et de lettres entre 1921 et 1924 où il dirigea l'Institut de littérature ; il fonda l'Institut de philologie, le Cabinet d'histoire des civilisations et la Chaire de littérature argentine. Recteur de l'Université de Buenos Aires entre 1926 et 1930, il assura en parallèle la direction de l'Institut pétrolier qui deviendra la Société nationale d'exploitation des hydrocarbures « Yacimientos Petrolófilos Fiscales » ou YPF. Nous sommes passés devant le gratte-ciel d’YPF le jeudi 11 janvier 2024, le jour de notre promenade enchanteresse dans la Reserva Ecológica Costanera Sur.

    Après le coup d'état du général Uriburu en 1930, arrêté pour son militantisme au sein de l'Union Civique Radicale, Ricardo fut envoyé en prison à Ushuaia ; il y vécut dans une maisonnette en bois sur l'avenue Maipú où il écrivit son ouvrage « Archipelago » sur l'histoire des Yaganes et des Onas qui vivaient dans la partie sud de la grande île de la Terre de Feu ainsi que sur les autres îles situées plus au sud. Des décennies plus tard, la maisonnette abritera la bibliothèque populaire d'Ushuaia.

    Ricardo consacra une grande partie de ses revenus et des multiples récompenses qu'il reçut dans la construction de la maison de son couple qu'il fit réaliser avec le concours de l’architecte et urbaniste Ángel Guido.

    Après la mort de Ricardo le lundi 29 juillet 1957, selon son souhait, son épouse Julieta Quinteros transféra la propriété de leur maison avec tous leurs biens, où ils vécurent pendant près de trente années, à l'État argentin pour devenir une bibliothèque et un musée. La maison des Rojas sur Charcas fut déclarée monument historique national.

    L’œuvre de Ricardo, « Le Saint de l'Épée », sur la vie de José de San Martín, général et homme d'État argentin, né en février 1778 à Yapeyú en Argentine et mort en France à Boulogne-sur-Mer en août 1850, fut adaptée au cinéma en 1970 par Leopoldo Torre Nilsson.

    Suite aux diverses actions de Ricardo Rojas visant à soutenir la culture argentine, en 1982, un décret présidentiel fixa la date du 29 juillet comme Journée de la culture nationale argentine…

    Nous visitons le rez-de-chaussée de la maison des Rojas. Nous découvrons le « Patio de los Naranjos » [Patio des Orangers] blotti au cœur de leur résidence, cernée aujourd’hui par des immeubles. Dans la bibliothèque de Ricardo et Julieta, je vois la présence de deux livres de Montesquieu. Ricardo apprit la langue de Molière lors de ses déplacements en France pour le Ministère de l'Éducation. Je note aussi le titre d’un livre de Manuel B. de Rios intitulé « La Verdadera democracia » [La vraie démocratie]. Une citation de Ricardo se dévoile sur le fronton de la cheminée : « Ce sera en vain qu’ils conspireront contre l’inévitable. Eurindia est une doctrine de l'amour, qui conseille de combiner l'Européen et l'Indien. Nous voulons l'unité d'un nouvel être. » La collection de livres est riche en littérature argentine, latino-américaine et espagnole. La « Sala Colonial » [Salon Colonial] est garni de sièges anciens garnis de tapisserie rouge aux motifs en relief ton sur ton. Le premier étage est temporairement fermé suite à des infiltrations d’eau. Il y avait pourtant un ascenseur, rare pour l’époque, qui m’aurait déposé pour la suite de la visite ; elle aurait probablement dévoilé d’autres trésors du couple.

    Après une petite heure à nous imprégner en surface de la vie de Ricardo, nous revenons vers chez nous en suivant la rue Dr. Tomás Manuel de Anchorena pour joindre l’avenue Santa Fe. Dans un commerce, grâce à la magie des reflets, je vois un arbre à vendre à mille deux cents pesos. Les seize heures approchent quand Micaela nous accueille au Starbucks à deux pas de l’appartement. Nous sirotons plaisamment chacun un chocolat chaud après environ deux heures de marche et de découvertes…






















































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