Nous sortons de l’appartement à onze heures trente. Nous nous dirigeons vers les Galerías Pacífico pour aller déjeuner. Après avoir traversé le parc Vicente López, nous suivons la rue Arenales en parallèle de l’avenida Santa Fe. Dans une vitrine, une grande pièce montée nappée de crème au beurre et dégoulinant de coulis de cerise semble annoncer les festivités du 31 décembre. Plus avant, je prends en photo le devanture de la Panadería y confitería Macarro dont les douceurs présentées en vitrine sont prometteuses. Nous longeons le parc de la plaza General San Martín et nous arrivons au début de la rue piétonne Florida. Nous nous attardons devant la magnifique porte d’angle du Centro Naval réalisée avec du bronze et de la fonte provenant de canons de la guerre d'indépendance. Dorée, majestueuse, elle donne l’impression que les formes qui la décorent ondulent comme des vagues.
Nous déjeunons dans l’aire de restauration des Galerías. Chez Green & Co, nous achetons un vegan burger avec des papas rústicas pour Patrick et un Hot bowl falafel pour moi. Nous payons 11100 pesos, soit moins de treize euros. Une dame blonde plantureuse, plus grande que moi, prend une salade composée selon ses choix. Nous nous sustentons à une table au centre de la salle commune.
Après le repas, nous suivons la rue piétonne commerçante Florida jusqu’à son terme. Régulièrement des personnes proposent du change à la criée. Le mot « cambio » nous escorte maintes fois tout au long de la rue. Le ciel bleu est traversé de temps à autre par des fibrilles de nuages. Nous nous attardons devant le superbe bâtiment de la Librerías Levalle à l’angle de l’avenue Corrientes. Plus avant, la façade de la Galería Mitre étonne par ses sculptures singulières. Le bâtiment fut construit en 1930 sous la houlette de l'architecte argentin Estanislao Pirovano pour abriter La Nación, l'un des plus grands journaux du pays. Estanislao s’inspira du style baroque jésuite. Les moulures et les figures de la façade symbolisent l'art que les indigènes des missions jésuites du nord du pays développèrent dans les années 1580.
En face, nous entrons dans la Libreria El Ateneo Florida fondée au début des années 1910 par l'immigré espagnol Pedro García, originaire de Logroño. Pour nommer sa librairie, Pedro se serait inspiré de l’institution « El Ateneo » fondée en 1835 à Madrid qui organisait des activités visant à diffuser la science et la littérature. L’intérieur attrayant s’apparente un peu à celui du théâtre Grand Splendid sur Santa Fe qui abrite une autre librairie El Ateneo. Nous feuilletons les guides touristiques et nous achetons celui intitulé « Time Out Buenos Aires », à 7000 pesos, riche de nombreux plans de la ville. Lorena nous accueille à la caisse. Nous payons en espèces. Elle nous fait cadeau de la borsa pour porter le guide
Quand nous sortons, le ciel est grand bleu. La température annoncée sur une horloge digitale indique 26°. Tout au long de la rue pourvue de nombreux commerces variés, divers bâtiments splendides dévoilent leurs façades, souvent en angle, dont celui qui abrite le magasin Cuesta Blanca. Le groupe de Sergio Saban, fondé en 1993, riche de plus de vingt magasins dans toute l'Argentine, surfe uniquement sur la mode féminine. Nous entrons. L’agencement feutré et la décoration sont superbes ; je prends deux photos. Une sorte de rotonde spacieuse met à dispositions des clientes de nombreuses cabines d'essayage.
Plus avant sur Florida, nous entrons dans la Galería Güemes à la façade quelconque ; Patrick a repéré une verrière à l’intérieur. La Galerie Güemes, une œuvre de l'architecte Francisco Gianotti commencée en 1913, fut construite à la demande des familles Ovejero et San Miguel, originaires de Salta, une capitale provinciale située dans le nord-ouest montagneux de l'Argentine. Elles avaient pour objectif de faire construire une importante galerie, reliant les rues Florida et San Martín, dans le style de la galerie Vittorio Emanuele II à Milan. La fin des travaux fut retardée par le naufrage du navire qui transportait les marbres italiens pour les façades et autres éléments nécessaires à l’achèvement. Elle fut inaugurée en décembre 1915. C'est ainsi que naquit la première galerie de Buenos Aires, riche d’une promenade commerciale coiffée d’une verrière voûtée entre les deux rues, d'un théâtre, d'une salle des fêtes, de bureaux, d’appartements et de studios du sixième au quatorzième étage, dont celui au sixième étage qui fut occupé par… Antoine de Saint-Exupéry. Il y séjourna quinze mois, à l’époque où il prit en charge la Poste française en effectuant des vols pour apporter le courrier vers plusieurs villes et en Patagonie. Pendant son séjour à Buenos Aires, il écrivit son livre «Vol de nuit », un essai dans lequel il raconte les histoires que les pilotes ont dû traverser pour accomplir leurs tâches. Au neuvième étage vivait alors Jean Mermoz, le « père » de l'aviation française. Un incendie dans les années soixante détruisit la façade de la rue Florida où nous sommes entrés. Un spectacle de tango anime actuellement le théâtre qui dispose de sièges recouverts de velours rouge, de loges et d'un balcon dignes des plus beaux théâtres. Pour la petite histoire, la galerie servit de lieu de tournage pour le film « Evita »...
La rue Florida se termine sur l’avenida Rivadavia, celle après l’avenida Presidente Roque Sáenz Peña où un groupe de sculptures, entouré de bâtiments prestigieux, s’offre aux regards. Nous continuons vers l’avenida de Mayo où nous vivons des instants de détente gourmande chez London City. Patrick remarque que tous les étages de l’édifice sont inoccupés. Ugo nous accueille et s’occupe du service. Le London City est l’un des cafés emblématiques de Buenos Aires, situé au rez-de-chaussée d'un édifice prestigieux achevé vers 1890 par Edwin Merry pour la famille Ortíz Basualdo. Il fut vendu plus tard à l'entreprise Gath et Chávez qui l'utilisa comme magasin. Le mardi 28 septembre 1954, le café El London ouvrit ses portes. Son client régulier le plus célèbre fut Julio Florencio Cortázar (1914-1984), un écrivain, professeur et traducteur argentin… Le café appartient aujourd'hui à la chaîne de restauration Pertutti. Avant de sortir, nous échangeons avec Ugo des vœux pour la nouvelle année. Nous revenons ensuite chez nous en taxi. Devant la résidence, après avoir payé moins de deux mille pesos (moins de deux euros), nous souhaitons au chauffeur, Marcelo Emilio, de belles fêtes de fin d’année et une Feliz año 2024. Il lève le pouce quand je le salue par son prénom...
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