samedi 9 décembre 2023

Hier, escale à Montevideo en Uruguay…

 Le navire arrive en vue de Montevideo en Uruguay à l’aurore et accoste vers sept heures trente. Le ciel se dessine en nuances de gris. Devant la place limitée pour manœuvrer, des bateaux pilotes poussent le paquebot pour le mettre à quai. Un cimetière de bateaux se dévoile dans la baie aux eaux de couleur marron. Des oiseaux planent et volent dans le ciel. Je pense à Lucienne. Quand j’étais enfant, elle fredonnait les mots d’une chanson d’Annie Cordy « Avez-vous vu Monte-Carlo ? Non, j’ai vu monter personne. » en association d’idée avec Montevideo. Après le petit déjeuner, nous allons prendre des photos du port et de la ville depuis le pont onze. Un vieux bateau en bois est positionné sur des tréteaux le long d’un bras d’une jetée. Patrick remarque la présence d’un hôtel Radisson dans le centre-ville ; nous apprécions les hôtels de cette chaîne pour leur accueil chaleureux et leur décoration attrayante. Nous voyons sur Internet dans la cabine qu’un buffet se trouve au dernier étage du gratte-ciel avec une vue panoramique sur la ville.

    Nous descendons à terre après dix heures. Un jeune homme barbu, qui me fait penser à Alexy, le neveu de Patrick, nous prend en photo devant une grande roue crénelée où des mots inscrits souhaitent la bienvenue au port de Montevideo. Un ancien engin coloré sur des rails me séduit par son côté ludique. Nous passons devant la Dirección Nacional de Aduanas ; le bâtiment blanc emblématique de six étages de la douane et de l'administration portuaire, avec son haut campanile de plus de soixante mètres de haut coiffé d’une coupole de verre, se voit de loin. De style art déco, dessiné par l’architecte Jorge Herrán, il fut inauguré en 1931. Nous découvrons brièvement le marché couvert du port à la structure en fer qui abrite majoritairement des restaurants. Il fut inauguré en octobre 1868 par le président de la République Lorenzo Batlle. À l’entrée du marché, je m’attarde devant une ancienne fontaine à eau en fonte de couleur verte apportée par les Anglais de l'époque coloniale. Nous suivons la rue piétonne Pérez Castellano le long de laquelle je prends en photo dans une vitrine un superbe gâteau qui revient à vingt euros. Nous prenons ensuite à gauche dans la rue piétonne Sarandi où des commerçants ambulants proposent leurs marchandises aux passants tout en sirotant de temps à autre du yerba maté, une infusion similaire au thé vert possédant des propriétés énergisantes. Nous nous écartons de la rue pour découvrir la plaza Zabala qui porte le nom du fondateur de la ville, Bruno Mauricio de Zabala. Une statue équestre en bronze du fondateur, inaugurée en décembre 1931, trône au centre de la place. J’admire un bel arbre à la superbe ramure.

    Plus avant sur Sarandi, nous nous promenons sur la Plaza de la Constitución aménagée d’un grand et plaisant parc central doté d’une superbe fontaine. Huit faunes sont assis au bord du bassin circulaire. Plus avant encore sur Sarandi, nous nous écartons pour nous rendre sur la Plaza de la Diversidad Sexual riche d’une grande fresque, de divers textes et photos anciennes et récentes dont plusieurs de Gloria Meneses (1910-1996) qui fut une femme transgenre très connue en Uruguay. Considérée comme l'une des premières travesties d'Amérique latine et l'une des plus âgées, Gloria, qui a tiré son nom de l'actrice brésilienne Glória Menezes, fit sa transition en 1950 grâce à l’argent hérité d'une tante et à ses gains dans différents théâtres en imitant l'actrice argentine.

    Dans les minutes suivantes, nous passons sous la Puerta de la Ciudadela, l’entrée de la grande forteresse militaire construite par les Espagnols pour la défense terrestre de la ville fortifiée de Montevideo au dix-huitième siècle. Nous sommes sur la place de l’Indépendance. Le Palacio Salvo de style Art Déco éclectique dresse dans le ciel sa majestueuse tour de quatorze étages. Gratte-ciel historique, le palais fut construit à l'initiative des frères et hommes d'affaires Ángel, José et Lorenzo Salvo, suite à leur coup de cœur à Buenos Aires quand ils virent le Palacio Barolo. Inauguré en octobre 1928, il fut longtemps le plus haut bâtiment d'Amérique latine. Pour la petite histoire, Joséphine Baker se produisit dans le théâtre présent dans le palais.

    Nous entrons dans l’hôtel Radisson pour réserver une table au buffet. La décoration de Noël est attrayante. Patrick me prend en photo sur un duo en velours rouge au dossier capitonné placé dans une grosse boule de fête à côté d’un père Noël. Comme nous avons du temps avant le repas, nous découvrons deux expositions de photographies au Centro de Fotografia le long de la proche avenida 18 de Julio. L’artiste Lucía Flores Curiel dévoile des œuvres colorées et très expressives dans son exposition « Volver a mí ». La seconde exposition du photographe vénézuélien Paolo Gasparini montre des photos de rue principalement. Une photo retient particulièrement mon attention, celle de Menino et sa famille. Menino vit sans jambes ni mains ; il a eu six enfants. Après ces instants de beauté et de réalité surprenante, nous retournons au Radisson. Gabriella nous accueille au restaurant buffet Arcadia au dernier étage du gratte-ciel. La vue offre de prendre des photos panoramiques de la ville dont une du navire Costa dans le port. Les mets bien présentés se montrent excellents ; cela nous change de la nourriture basique du bateau où le choix pour les végétariens est pauvre et répétitif. Diego nous prend en photo avec la ville en contrebas. Les voitures depuis le vingt-cinquième étage ressemblent à des dominos. Nous payons 2890 pesos uruguayens.

    Après le repas, nous sortons pour continuer notre découverte de la ville. La secrétaire de la Santé du Honduras, un superbe collier de perles autour du cou, nous rejoint dans l’ascenseur en descente ; elle fait des bisous via son smartphone et des signes de la main à ses probables enfants, en visuel sur l’écran. Nous prenons la direction de la rambla du bord de mer. En chemin, nous prenons le temps d’admirer le théâtre Solis, inauguré en 1856, qui doit son nom à l'explorateur Juan Díaz de Solís, le premier explorateur européen à parvenir sur ce qui est aujourd’hui l’Uruguay. Nous atteignons la Rambla, une longue avenue de vingt-quatre kilomètres qui borde la côte ; tout au long de son parcours, elle change de nom. Les flots fougueux de couleur marron s’expliquent peut-être par la tempête qui a sévi cette nuit. Le navire était très incliné et les tiroirs dans la cabine s’ouvraient tout seuls. Nous bavardons avec un couple francophone qui reviendra en France sur le Costa Fascinosa en avril 24. Durant l'été austral, il va découvrir l’Argentine et l’Uruguay ; il fêtera le nouvel an à Montevideo. Patrick me prend en photo vers une cheminée en brique et en pierre, qui telle une élégante sentinelle, collectait les gaz des canalisations d'égout de la ville pour les envoyer vers le ciel. Ce système de ventilation fonctionna de 1856 à 1913.

    Nous revenons au centre-ville en suivant la rue Washington. En chemin, mon regard s’attarde sur une dame qui s’occupe de ses plantes dans une arrière-cour tout en longueur. Les minutes se promènent avec nous. Arrive un temps où nous entrons dans le Palacio de Félix Ortiz de Taranco dont le jardin donne sur la Plaza Zabala. Depuis 1972, le palais abrite le Musée des Arts Décoratifs. La construction du palais commença en 1908 à la demande des frères José, Félix (1866-1940) et Hermenegildo Ortíz de Taranco, immigrants espagnols arrivés très jeunes en Uruguay vers la fin du dix-neuvième siècle où ils firent rapidement fortune. La décoration fut confiée à la Maison Krieger de Paris. La résidence fut habitée par la famille Ortiz de Taranco jusqu'à la mort de Félix. Son épouse, Elisa García de Zúñiga, déménagea dans une autre propriété familiale et des négociations commencèrent pour vendre le palais à l'État qui l'acheta en 1943 avec le mobilier et les œuvres d’art reçus en donation par la famille dans le dessein de créer le Musée des Arts Décoratifs. Je suis séduit par les pianos à queue dont un Pleyel de Paris. Pour la petite histoire, en août 1925, le prince de Galles, futur roi Édouard VIII, célèbre pour avoir abdiqué par amour, séjourna dans le palais. Depuis la rue de Mayo, nous admirons le belvédère qui coiffe le palais. Après d’ultimes découvertes, nous nous offrons un temps de détente au Starbucks du centre-ville où nous sirotons chacun un chocolat chaud ; Salvador nous accueille. Avant de retourner au port où le « tous à bord » de dix-sept heures trente approche, nous allons admirer dans le bâtiment de la Présidence de Montevideo, la maquette de la diligence « La Comercial del Este » de Estanislao Tassano Gandulfo (1866-1951) tirée par neuf chevaux. Son aventure prit fin en 1910 avec l’arrivée du chemin de fer… La diligence, qui était porteuse de rêve et d'espoir, fut un lien entre les villages en transportant, outre des passagers, du courrier, des documents divers, du matériel médical…



















































































Le navire lève l’ancre vers dix-huit heures trente...

1 commentaire:

  1. Hello,
    J'aurais bien aimé être ce garçon barbu qui foule à nouveau le sol de l'Amérique du Sud mais non, je suis bien en France :)
    Profitez bien de votre voyage

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André et Patrick auront plaisir à lire vos impressions sur le blog...