dimanche 10 décembre 2023

Hier... Découvertes à Buenos Aires...

    Lors du déjeuner chez nous, je mange deux avocats mûrs et une tomate mûre épluchée. Après le repas, nous attendons un appel de Jean et Francette qui doit intervenir sur Messenger avant quatorze heures (avant dix-huit heures à Villaz). Je regarde en attendant les centres commerciaux créés dans la ville. Je vois sur Google map que la célèbre avenue commerçante Santa Fe, longue de quelque six kilomètres, va de la Plaza General San Martín jusqu’à la Plaza Falucho. La spectaculaire librairie El Ateneo Grand Splendid et le centre commercial Alto Palermo se trouvent le long de cette avenue. Nous partons après quatorze heures sans avoir reçu l’appel. Nous nous rendons au centre commercial Patio Bullrich. Nous suivons la rue Rodríguez Peña. À l’angle de la rue Vicente López, nous découvrons « Le Moulin de la Fleur », un restaurant, boulangerie, pâtisserie. Plus avant, mon regard s’attarde devant un vendeur de balayettes à plumeaux ; suspendues sur ses épaules, elles donnent l’impression qu’il porte une grande jupe évasée.

    Plus avant encore sur la rue, à l’angle de l’avenida Alvear, nous admirons les façades de la Residencia Maguire, un ancien manoir aux façades associant briques apparentes et revêtements imitation pierre qui fut construit à la fin du dix-neuvième siècle le long de l’avenida Alvear (rue Bella Vista avant 1885) dans le futur quartier de Recoleta où les familles de l'aristocratie de Buenos Aires possédaient leurs villas de banlieue. Son propriétaire, l'ingénieur Alejandro Hume (1875-1958), né de père anglais et de mère française, arrivé d'Angleterre en 1868, entrepreneur ferroviaire à succès, propriétaire du Chemin de fer du Centre-nord reliant les provinces de Cordoue à Tucumán, père de neuf enfants, confia en 1890 la conception de cet imposant manoir à l'architecte Carlos Ryder qui le fit construire dans un style de l'époque victorienne avec des matériaux importés d'Écosse. Le manoir porte le nom de John Walter Maguire ; son épouse Susana Duhau vivait dans le manoir acheté à Alejandro en 1920 par son père et ses oncles. De nos jours, sa fille l’habite. C'est la dernière résidence aristocratique de l'avenue Alvear. Celles qui résistèrent à l’usure du temps et aux héritages furent transformées en hôtels ou achetées par l’État. Ce mystérieux manoir de bientôt cent quarante années d'histoire n’ouvrit jamais ses portes au public…

    À l’angle de la rue Posadas, un café du Pain Quotidien se dévoile. Lors de mes divers voyages à Bruxelles dans le passé, je prenais plaisir à siroter un chocolat chaud dans les divers cafés de cette chaîne réputée. Après une trentaine de minutes de marche, nous arrivons devant le centre commercial Patio Bullrich situé devant l’hôtel Sofitel. D’architecture néoclassique, riche de poutraisons en fer forgé, il fut inauguré en 1988. Il a pris place dans un ancien bâtiment historique appartenant à la famille Bullrich, conçu par l'architecte anglais Waldorp. Jorge Bullrich (1833-1904), commerçant argentin, juge de paix, maire désigné de la ville de Buenos Aires de 1898 à 1902 grâce à son capital économique et à ses relations militaires fraternelles, fit construire ce superbe édifice dans les années 1860 pour abriter à la fois le siège social de sa société et une maison de vente aux enchères. Toutes sortes d'objets de collection, de têtes de bétail, de chevaux pur-sang, d’œuvres d’art, de bijoux, de biens immobiliers, d’armes… et autres, furent mis aux enchères. Les terres du sud du peuple autochtone des Mapuches et des Patagons, obtenues par la force lors de la « Campagne du désert » après l'indépendance en 1816 qui entraîna la mort de milliers d’Amérindiens, furent vendues lors d’encans publics dans la maison de vente d’Adolfo. Dans la Maison Bullrich, des Aborigènes kidnappés furent vendus en tant qu’esclaves. Grâce à sa maison de vente aux enchères, Adolfo fit fructifier considérablement sa fortune. Il décéda en mars 1904 à Paris ; sa dépouille mortelle fut transportée à Buenos Aires pour être déposée dans le cimetière de Recoleta.

    Nous visitons le centre commercial décoré pour les fêtes de fin d’année. Le rouge domine. Un grand sapin de Noël s’élance dans l’immense patio ouvert sur plusieurs étages. Une magnifique verrière coiffe le dernier niveau. Le centre fait la part belle aux magasins de marque. La clientèle est aisée. Les prix sont élevés. Nous voyons dans une boutique de produits gourmands un paquet de riz à près de dix mille pesos, soit quelque vingt-cinq euros ?! Je vois dans une magnifique boutique, un canapé capitonné Chesterfield en velours jaune. Les quinze heures chuchotent des secrets sur le centre. Nous nous éclipsons pour aller dans un autre centre commercial situé à côté du célèbre cimetière de Recoleta. En chemin, devant le Palace Alvear, j’admire au travers des câbles aériens un jacaranda, un bel arbre aux fleurs bleu lavande à la ramification étendue, appelé également flamboyant bleu. Ce type d’arbre fleurit un peu partout dans la ville. Nous arrivons au centre commercial Recoleta à quinze heures trente. Une artiste à la chevelure noire et fuchsia chante au micro devant l’entrée que nous empruntons. Entre les deux escalators, au bas d’une fontaine qui cascade sur des marches d’escalier, une biche entre deux grosses boules de Noël rouges, nous sourit quand nous montons. Nous traversons le centre. À l’entrée opposée, je vois des mausolées qui dépassent de l’enceinte du cimetière de Recoleta. Entouré de jardins, le cimetière, inauguré en 1822, fut dessiné par le Français Prosper Catelin à l'initiative du ministre Bernardino Rivadavia. Des panthéons, des caveaux, des cénotaphes et autres tombeaux abritent les dépouilles de gens oubliés dont des personnes de la haute bourgeoisie et d’anciens estancieros richissimes ; « Estancia » est une vaste exploitation agricole d'Amérique du Sud, similaire à la notion de ranch en Amérique du Nord. La dépouille de la charismatique María Eva Duarte de Perón (1919-1952), connue sous le nom dEvita, actrice, écrivaine et femme politique argentine altruiste qui épousa en 1945 le colonel Juan Domingo Perón un an avant son accession à la présidence de la république argentine, se trouve quelque part dans le cimetière. Le cinéma Cinepolis se dévoile dans le centre commercial. Nous achetons sur une borne tactile deux billets pour voir demain le nouveau film sur Willy Wonka ; un technicien affairé sur une autre borne nous apporte son concours souriant. Dans le passé, nous avons regardé à diverses reprises le film « Charlie et la Chocolaterie » réalisé par Tim Burton avec Johnny Depp dans le rôle de l’excentrique expert en chocolat. La sortie du nouveau film d’animation des studios Disney « Wish » est annoncée pour le 4 janvier.

    Les seize heures approchent. Nous décidons d’aller nous désaltérer au Moulin de la Fleur où nous avons repéré de superbes douceurs dont des croissants nature de belle envergure. Nous sortons du centre par une porte latérale de plain-pied où une crèche avec des santons à taille humaine s’offre aux regards devant un Starbucks. Nous suivons la rue Vicente López qui nous mène tout droit à notre destination. En chemin, je vois un cartonero qui tracte manuellement sur la chaussée une petite remorque où il a collecté des déchets recyclables des gens riches pour les revendre afin de disposer d’un revenu de survie. Nous arrivons au moulin un peu avant seize heures. Des instants de détente gourmande s’offrent à nous. Patrick sirote un chocolat chaud en savourant un financier. De mon côté, je déguste lentement un royal avec du thé rooibos. Un guitariste entre, s’installe sur une chaise vers l’entrée, boit un café, pose sur chaque table un petit feuillet pour recevoir quelque argent et commence à jouer. Après une bonne trentaine de minutes de bien-être, nous revenons tranquillement chez nous…



































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