mercredi 13 mars 2024

Escale à Punta Arenas en Terre de Feu en Argentine…

L’horizon s’illumine au lever du soleil lors de notre arrivée en mouillage à Punta Arenas au Chili, Magallanes à l'époque de Magellan. Située sur le détroit de Magellan, reliant les océans Atlantique et Pacifique grâce à Fernand et son équipage, Punta Arenas est la ville la plus méridionale du Chili près de la pointe de la Patagonie. Nombre d’expéditions en Antarctique partent de Punta.

Après le déjeuner, nous bavardons au buffet avec une dame de Vancouver qui ajoute de la crème anglaise dans la coupelle de sa tartelette aux pommes chaudes. Elle lève le pouce avec une expression de délice sur son visage. Un passage en cabine précède notre descente au pont quatre au milieu du navire pour monter à bord d’une navette. Les treize heures tanguent légèrement. La traversée dure une dizaiane de minutes. Nous atteignons le Puerto del Estrecho, le Port du Détroit de Magellan. Nous marchons sur la jetée pour joindre le quai. Nous traversons un sas circulaire transparent bien chauffé équipé de bancs en bois qui sert de salle d’attente en période de grand froid. Une queue de baleine dépasse d’un panneau qui atteste que nous avons traversé le Détroit de Magellan. A la sortie du port, nous nous attardons devant l'horloge (reloj) du détroit de Magellan qui fut achetée en 1912 à un fabricant allemand pour trois mille marks. Cette horloge historique métallique de couleur vert prasin de trois mètres de haut montre quatre cadrans qui alternent l'heure en romains et en chiffres arabes. Elle est équipée des merveilles technologiques de l'époque : un calendrier mensuel avec les signes du zodiaque, les phases de la lune, un baromètre, un thermomètre et un hygroscope pour enregistrer l'air. Nous prenons à droite pour marcher le long de l’avenida Costanera del Estrecho de Magallanes. Nous passons devant le complexe hôtelier Dreams pourvu d’un casino flanqué d’une grande colonnade en façade. D’anciennes jetées en bois, au devenir sans avenir, se dévoilent dans les flots. Une colonie d’oiseaux occupe l’une d’elles. Plus avant, nous sommes pris en photo par un Gallois devant les Letras Punta Arenas. Plus loin sur la promenade le long du détroit, c’est une colonie de pingouins qui occupe une autre jetée éphémère. Nous atteignons un ensemble de bâtisses jumelées dont les façades sont décorées de fresques attrayantes. Je prends des photos dont une qui dévoile en trompe-l’œil une arche donnant sur une ruelle grecque en bord de mer.

Nous arrivons au Monumento a Tripulantes Goleta Ancud qui commémore la goélette Ancud envoyée en 1843 par le Chili pour revendiquer sa souveraineté sur le détroit de Magellan. La goélette appareilla du port d'Ancud le 22 mai 1843. L'équipage emportait avec lui des provisions estimées pour sept mois et du matériel pour le voyage et le démarrage de la colonie qu'il comptait fonder. Sur le pont se trouvaient les animaux de la ferme à reproduire sur les terres de Patagonie. En septembre 1843, l'expédition chilienne prit la possession effective du détroit de Magellan en l’occupant militairement avec la construction sur ses rives du détroit de Magellan du fort de Fuerte Bulnes. Le monument qui figure la proue de la goélette, réalisé par Guillermo Merino, inauguré en 2014, rend hommage à cette expédition. Une dizaine de personnages, quelques animaux et des entités mythologiques se dévoilent sur la proue. Le souffle puissant et froid du vent nous invite à nous réfugier à l’intérieur de la ville. Nous suivons l’avenida Cristobal Colón dotée entre ses deux larges voies d’une esplanade arborée où de vénérables arbres se laissent admirer. Les façades d’angle attrayantes en nuances de vert du restaurant & Emporio Okusa attirent les regards. A l’angle de la calle Lautaro Navarro se dresse la silhouette de l’édifice blanc au toit bleu céruléen de l’Armada Punta Arenas. Plus avant, nous prenons à gauche dans la rue Gobernador Carlos.

Nous atteignons le Palacio Sara Braun construit en 1895 et déclaré monument national en 1973. Il a été construit par l'architecte française Numa Mayer, pour Sara Braun, originaire de Lettonie, en utilisant des matériaux apportés d'Europe. Aujourd'hui, le palais abrite le siège du Club de la Unión, un lieu de rassemblement pour les hommes d'affaires et les hommes politiques. La plaza Armas se dévoile devant le palais. Nous longeons la rue devant le palais où de coquettes petites roulottes en bois se succèdent pour la vente de souvenirs sur le large trottoir bordant le parc. Nous entrons sur la place dont je publierai sur le blog une photo sous la neige. Au centre, nous découvrons le Monumento Hernando de Magallanes surmonté d’une statue en bronze de Ferdinand Magellan, le célèbre marin portugais évoqué hier. La statue de Lapu Lapu, un indigène de Patagonie, retient l’attention sur le monument. Magellan fut tué par Lapu Lapu et son peuple que le Portugais voulait convertir par la force armée au christianisme. Une légende raconte qu'embrasser le pied de la statue de Lapu Lapu apportera chance et mer calme lors de la traversée du passage de Drake qui porte le nom de l'explorateur et corsaire anglais du XVIe siècle, Sir Francis Drake. Il est dit que, si même un passager oublie d'embrasser le pied, tout le monde à bord souffrira des eaux agitées du passage. Comme la traversée du passage de Drake est absent du trajet de la croisière, je me contente de caresser le pied de Lapu Lapu le temps d’une photo. Au bord de la place, un superbe kiosque de couleur rouge Andrinople, qui abrite l’Office du tourisme, s’offre aux regards. Nous montons la rue Monseñor Jose Fagnano le long de laquelle je suis séduit par la bâtisse colorée du Jardín Infantil Charlie Brown. D’autres bâtisses colorées retiennent mon attention. Nous prenons ensuite à gauche dans l’avenida España où une maison bleue me rappelle la Frégate, la maison à Thonon de feu ma tante paternelle Jeanne. Nous prenons ensuite à nouveau à gauche dans la rue Presidente Federico Errázuriz où la fresque d’un autochtone me séduit.

Plus bas, à l’angle de la rue José Nogueira, la chance se manifeste par l’agréable présence à l’arrêt au passage piétons d’une dame qui parle le français. Lidia est née de mère française et de père italien, de la région de Turin. Il a vécu dans le village natal de Don Bosco. Lidia a enseigné le français durant vingt-sept ans à Santiago avant de revenir à Punta Arenas pour s’occuper de sa mère malade. Elle a un neveu au Japon qui l’a invitée à Londres pour visiter une nièce. Forte de ses 83 printemps, elle passe souvent son temps au casino du Dreams, situé dans l’hôtel pris en photo en arrivant au port. Elle aime la France et ses écrivains. Camus, Bernanos, Sarte… et bien d’autres. Elle nous dit que Pinochet a tué la philosophie au Chili. Nous nous séparons après la prise de quelques photos. Je lui souhaite le meilleur dans sa vie. Elle me répond qu’elle espère gagner au casino Dreams où elle se rend pour s’offrir un voyage en France…

Les seize heures approchent. Nous retournons sur la place Armas dans le dessein de siroter un chocolat chaud dans le café de l’ancien monument de la banque Santander, repéré par Patrick précédemment. Agencé comme un Starbucks, il montre une table commune en bois où des personnes œuvrent sur leur laptop, des canapés, des fauteuils variés. Nous prenons place dans l’angle en pan coupé de la vaste salle. Les chocolats manquent de cacao. Nous avons oublié que, malgré tout, nous sommes dans une banque ; moins de cacao pour plus de profit. Le prix affiché au comptoir est inexact ; il convient d’ajouter trente pour cent pour paiement par carte. Un écran digital annonce une température extérieure de 6,8°. Après des instants de détente et de bien-être au chaud, nous ressortons dans le vent froid et nous retournons au port. Je propose à Patrick de passer en chemin au casino Dreams pour faire un petit coucou à Lidia. Toutefois, l’obligation de payer quatre mille cinq cents pesos en espèces par personne pour entrer nous en empêche. C’est bien la première fois que l’entrée d’un casino est payante. Nous retournons alors au port pour monter à bord d’un tender. Durant la traversée, le soleil, qui joue à cache-cache avec les nuages vagabonds, nous fait des clins d’œil au travers du sabord avant côté bâbord. Le tender, bondé, quitte le port cinq minutes plus tard. La traversée est calme. Quelques oiseaux nous escortent. Les dix-sept heures s’annoncent quand nous accostons. J’ai le temps de prendre en photo le balcon de notre cabine…















































































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