Après le déjeuner chez nous, nous allons nous promener dans le centre-ville situé à côté du port de croisière. La Kia est stationnée sous une ramure en devenir dans un parking gratuit au sol défoncé par endroits. Le long de Bay street, dont une partie de la rue est décorée de drapeaux des Bahamas disposés en hauteur entre des filins tendus, nous passons devant le magasin Hoffer Sport où Patrick acheta à moitié prix une paire de tennis Converse le mardi 24 mai 2016. Nous avons la surprise de voir quatre navires de croisières à quai : le MSC Meraviglia, le Carnival Pride, le Carnival Elation et le Disney Wish. Nous nous promenons dans les rues et ruelles commerçantes. Nombre de boutiques sont ouverts en ce jour férié spécial. De nouvelles structures commerciales ont vu le jour depuis notre dernière venue. Parfois, des figurines à taille humaine, se dévoilent devant les magasins ouverts sur la rue pour la plupart. Nous flânons dans le Straw Market, riche de millions d’articles destinés aux milliers de passagers débarqués aujourd’hui. Les marchands sont détendus. Ils accostent plaisamment les chalands, sans insister quand ils poursuivent la visite dans les allées étroites et bondées regorgeant de marchandises. Une commerçante assise, comme nombre de ses confrères, nous indique le magasin Candle où acheter des pantalons fantaisie.
De temps à autre, aux habitants qui me parlent de la fête de l’Indépendance aujourd’hui, je montre le pin’s offert par notre hôte Valdez ce matin. Tel un laisser passer magique, chaque interlocuteur se métamorphose avec le sourire en voyant le drapeau du pin’s. Les conversations deviennent amicales et détendues. Un grand jeune garçon nous accoste pour nous dire qu’aujourd’hui c’est l’anniversaire de l’Indépendance. Quand je lui montre le pin’s, il est ravi en disant « Vous saviez déjà ». Nous bavardons. L’espace d’un instant, il pense que nous sommes Bahamiens. Il me donne une tape amicale sur l’épaule avant de nous quitter. Je fais de même. Il s’éloigne tout sourire comme moi. Je suis enchanté de ces contacts informels durant le temps passé à Downtown.
Nous entrons dans la nouvelle partie commerciale du port de croisière qui grouille de passagers. Je suis séduit par les constructions différentes, riches de couleurs chatoyantes. Nous croisons des familles avec enfants. Une jeune dame, la chevelure rousse à la garçonne, une silhouette de feu Jane Birkin jeune, est accompagnée d’un jeune homme et d’un garçonnet ; je me demande l’espace d’un instant quelle est leur vie. Mon envie de photographier les quatre navires tombent à l’eau. Je suis bloqué par le contrôle des cartes d’embarquement qui me semble plus sophistiqué au regard de notre précédente venue en bateau.
Nous sortons du village, enchanteur dans sa conception esthétique, et nous retournons en flânant au parking. Le Starbucks situé devant l’accès au village est fermé pour le jour de l’indépendance. Patrick a vu durant le trajet pour venir que celui situé vers le Fresh Market est ouvert aujourd’hui. Nous décidons d’y aller pour nous désaltérer. Nous passons devant les trois édifices de la House of Assembly and Parliament, rose et blanc, aux volets vert sapin, achevés en 1801. Devant le Senate building, trône une statue de la reine Victoria. Les édifices sont décorés pour la fête de l’Indépendance. Je prends des photos. Notre précédent passage à Nassau remonte au mercredi 10 décembre 2008, une vingtaine de jours avant notre mariage à Las Vegas.
Cette troisième venue à Nassau montre que le continuel mouvement de la vie invite à éviter la nostalgie, voire les attentes ou les comparaisons liées aux souvenirs. Rien n’est jamais pareil lorsque l’on revient à un endroit donné. Les fils de la trame de la vie se tissent et se détissent au gré des circonstances, des imbrications, des évènements, des actions qui ponctuent la vie de tout un chacun. La vision et les objectifs de chaque être humain fluctuent au rythme aléatoire des milliards d’univers individuels qui interagissent entre eux. La vie est en perpétuelle création et vouloir revenir à un arrêt sur une image passée est illusoire et vain. Seule la déception et la contrariété pourront être au rendez-vous de cette quête souvent dirigée par un ego friand d’une incessante évocation du passé qu’il mystifie en le peignant fréquemment de manière idéale et imaginaire. Le port de croisière en 2008 était dépouillé, facile d’accès et bon enfant. Le port de 2024 est luxueux, baigné de sécurité, de contrôles et de barrières, bardé d’un nombre de commerces impressionnants. Parmi les photos de ces deux époques, seules quelques unes d’entre elles s’apparentent.
Une quinzaine de minutes plus tard, nous sommes au Starbucks. Omar nous accueille. Il me gratifie d’un beau sourire quand je lui dis bonjour avec son prénom. Je lui souhaite une belle fête de l’Indépendance. Nous sirotons chacun une boisson chaude dans la vaste salle animée. Une trentaine de minutes après notre arrivée, il nous semble reconnaître dans la salle l’homme que nous avons croisé dans la rue en revenant à la voiture après la chaude promenade au port. Grand comme un échalas et plus mince que moi, il a parcouru à pied le trajet que nous avons effectué en voiture en une dizaine de minutes. Nous sortons du café après seize heures. Nous revenons chez nous à bord de la Kia…
Les Bahamas ont obtenu leur autonomie en 1964 et leur pleine indépendance au sein du Commonwealth le 10 juillet 1973, conservant la reine Elizabeth II comme monarque. Le Parlement, tel qu'il est actuellement constitué, a été établi par le chapitre 5 de la Constitution des Bahamas, qui est entrée en vigueur lors de l'indépendance du pays vis-à-vis du Royaume-Uni...
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