Nous sortons de la maison après onze heures. Dans l’arrière-cour, Patrick me montre un palmier riche de noix de coco et un bananier avec un régime de bananes vertes en mûrissement. Nous prenons la direction du restaurant repéré par Patrick sur Internet. Nous suivons une route piétonne qui, contre toute attente, se termine à l’entrée d’un pâté de maisons. Je m’approche d’une dame, qui porte un tee-shirt fuchsia, en train de bavarder avec une autre personne. Sans façon et avec cordialité, elle nous invite à traverser sa propriété et nous diriger vers celle d’une autre personne. Un monsieur charmant nous ouvre son portail électrique et nous indique courtoisement le trajet à suivre pour parvenir à notre destination. Nous suivons une route bordée de maisons différentes et colorées. Certaines sont entourées de murets, de haies ou de palissades. Nous atteignons Eastern road qui longe à distance le bord de mer. Au numéro 345, je m’attarde devant une maison de prestige, peinte en bleu, qui se dévoile derrière une grille en fer forgé ouvragé noir et or qui en interdit l’accès. Plus avant, au bord de l’eau, une maison originale a été construite sur le seul garage. Nous nous approchons de l’eau en marchant sur une plage constituée de plaques de roches qui avancent dans la mer turquoise aux reflets mordorés. Plus avant, une noix de coco est tombée sur un banc en bois. Différentes embarcations de charme font face à des bâtiments d’envergure colorés dont un, décoré de longues oriflammes verticales bleu et jaune, montre deux banderoles avec les mots « Happy 51st Independence ».
Nous arrivons avant midi trente au Wild Thyme Restaurant sur Bay street qui a pris place dans une coquette maison bleu pétrole aux volets verts pomme et à la toiture blanche. Les deux niveaux sont entourés d’une véranda aux balustrades à barreaux blancs verticaux. Tori nous apporte les mets végétariens sélectionnés à la carte. Nous déjeunons en musique sur la terrasse du premier niveau. Le chant des tourterelles se laisse entendre alentour. Des spirales d’encens sont disposées à intervalles réguliers sur le plat de la rambarde. Les senteurs se mêlent à l´air chaud et humide. Des ventilateurs au plafond brassent l´air. Des coups de tonnerre ponctuent le déjeuner. Patrick opte pour un veggie burger. J´accompagne la soupe de pomme de terre, courge, kale et lentilles d´une tranche de pain de maïs chaud tartinée de beurre, moelleux avec la chaleur. Après le repas, nous nous rendons au Starbucks dans le proche Harbour Bay Shopping Plaza. Le café a pris place dans une coquette maison rose pourvue d’une véranda d’angle aux balustrades et encadrements blancs. Un agent de la sécurité, en polo rouge, nous ouvre la porte et nous demande comment nous allons. Raymond nous accueille et Michaela prépare les boissons chaudes. Cappuccino et thé vert matcha sont sirotés dans la vaste salle agréablement climatisée. Dehors, la température fluctue au-dessus de trente degrés.
Nous nous rendons ensuite au Fort Montague, situé sur Bay street. En chemin, nous passons devant l’ambassade de Chine entourée de hauts murs surmontés de spirales de fer barbelé. Nous nous attardons sur la plage de sable blanc avant d’arriver au fort. Les palmiers, les ombres des ramures sur le sable, les rochers, les nuages cotonneux dans le ciel d’azur, les pontons qui avancent dans la mer, participent à une sensation d’île paradisiaque. Raquel nous accueille cordialement au fort. Nous payons deux dollars chacun pour le visiter. Une vision panoramique embrasse les alentours. Le complexe touristique Atlantis, aux allures de resort Disney, se remarque nettement sur Paradise Island.
Andrew Deveaux, un loyaliste vivant en Caroline du Sud, lança en 1783 une expédition pour débarrasser les Bahamas des Espagnols qui avaient conquis New Providence une année auparavant sous la direction de Don Juan de Cagigal, gouverneur général de Cuba et de La Havane. Escorté de plus de cinq mille soldats, Andrew finança personnellement l'expédition en incluant des recrues de Harbour Island. Ils débarquèrent subrepticement à l'extrémité est de l’île de New Providence. Les troupes de Deveaux, fortes de plus de deux cents hommes majoritairement armés de mousquets, envahirent par surprise Fort Montagu. Le drapeau britannique fut hissé et les Espagnols se rendirent sans effusion de sang.
Plus tard, Doyle, le garde de la sécurité de la banque CIBC, une filiale caribéenne de la Canadian Imperial Bank of Commerce, nous accueille et nous épaule pour effectuer un retrait de dollars bahaméens. Nous nous rendons ensuite au supermarché Fresh Market qui s’apparente à un Whole Foods Market. Toutefois, une différence de taille les sépare ; les prix sont près de deux fois plus élevés. L’approvisionnement par bateau ou avion explique probablement les différences de tarif. Cilandra et Deshanne, deux jeunes filles souriantes, nous accueillent à la caisse. Le personnel est nombreux aux caisses. Le supermarché, royalement approvisionné, attire nombre de clients. De retour dans la forte chaleur, nos pas nous conduisent à nouveau au Starbucks où Chigozie nous accueille. Devant la caisse trône un trophée en argent et en or qui couronne le Starbucks pour sa Best Drive Thru Performance (la meilleure performance de service au volant). J’accompagne un chocolat chaud au lait d’avoine d’une tranche moelleuse de cake à la courge. Patrick sirote un cappuccino.
Nous revenons ensuite chez nous en suivant tour à tour Shirley street, Village road et Bernard street. Nous sentons les embruns apportés par le vent. Des flamboyants dévoilent leur superbe ramure vert et rouge. Je m’attarde de temps à autre devant des maisons ou édifices de caractère. Une maison rose sur deux niveaux, aux corps décalés, aux fenêtres et encadrements blancs, semble abandonnée… comme, plus avant, une étude notariale flanquée de deux colonnes au fronton de l’entrée. Nous marchons à la fois sous les chauds rayons solaires et sous de grosses gouttes de pluie éparses ; étonnant ! Nous arrivons chez nous après dix-sept heures. Nous avons parcourus près de douze kilomètres à pied et effectué quelque seize mille cinq cents pas…
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