Un orage éclate à l’aurore. Le tonnerre gronde. La pluie tombe en cataractes. La température a chuté, pour peu de temps. Le motel Baymont de Santee s’éloigne dans les rétroviseurs de la Chevrolet après neuf heures trente. Nous roulons en direction de la Magnolia Plantation & Gardens à Charleston. La dernière route qui mène à la plantation est bordée d'arbres dont les ramures qui se rejoignent en arches nous font une haie d'honneur. Chris, un jeune homme de moins de vingt ans, la chevelure châtain clair, le sourire charmeur, nous accueille. Il occupe ce poste peut-être pour payer des études universitaires. Nous réglons un peu moins de quatre-vingts dollars pour découvrir les jardins, sans la visite de la maison. Je trouve le tarif excessif. Les arbres plus que centenaires émerveillent nos regards. Des étangs miroirs reflètent majestueusement les ponts du vaste domaine. Le fleurissement des magnolias est terminé ; seules quelques fleurs blanches perdurent. La température dépasse les trente degrés, l’humidité est élevée et des moustiques tentent de nous sucer le sang, avec succès pour certains. A certains choses, Patrick reconnaît les jardins. Je verrai ce soir que nous sommes déjà venus le lundi 15 décembre 2014 et que nous avions payé à cette époque quinze dollars par personne pour visiter les jardins ; quelle poussée tarifaire !
Nous reprenons la route à midi. Une vingtaine de minutes plus tard, Katie nous accueille à la caisse au Whole Foods Market sur Savannah Hwy à Charleston. Nous déjeunons dans la salle du restaurant peu climatisée. Après le repas, nous effectuons des courses. A la caisse, nous retrouvons Katie, réservée, le sourire timide. Nous prenons la route de l’étape suivante. Patrick conduit pour la suite du parcours. En sortant d’une station-service Circle K, où nous faisons un plein de carburant à moins de trois dollars le gallon, soit moins de quatre-vingts centimes d’euro le litre, nous sommes précédés par un 4x4 qui remorque un gros bateau de pêche sportive équipé de deux moteurs. Plus avant, étonnamment, nous passons devant une entreprise qui vend des bateaux de pêche sportive. Certains présentent trois moteurs. Les minutes roulent avec nous. Soudain, nous sommes dépassés par le bateau de la station-service ; surprenant ! Nous le suivons et, cette fois, c’est nous qui le dépassons. Comme depuis bien des jours maintenant, des arbres et des forêts bordent les routes que nous suivons. Nous doublons une voiture dont la jeune conductrice parle à un micro qui lui arrive vers la bouche. Une jeune fille du futur « greffée » selon le terme pertinent utilisé par Patrick. Nous roulons à « l’ancienne ». À un moment donné, la route en ligne droite traverse des marécages à perte de vue. Lors du précédent road trip, il y a bientôt dix ans, nous roulions sur du « velours ». En 2024, les routes sont régulièrement cabossées, avec des trous… aucune maintenance ne semble effectuée. Nous nous arrêtons un court instant pour entrer une autre adresse dans le gps. Je vois sortir de la Carolina Cider Company, une jeune femme aux cheveux rouges, habillée en nuances de rouge, qui monte à bord d’une voiture blanche.
Nous arrivons dans les minutes suivantes aux Old Sheldon Church Ruins à Yemassee, les vestiges d'une église détruite pendant la guerre d'indépendance. Patrick remarque tout de suite qu’une clôture métallique entoure les ruines ; elle était inexistante le jeudi 18 décembre 2014. Un peu partout, des racines courent sur l’herbe tondue. Des tombes subsistent, attrayantes par leurs côtés impermanents et surannés. Le cadre est idyllique et la quiétude offre un agréable répit après la chaussée bruyante de la route. Les arbres vénérables confèrent une majesté au site qui ressemble à une faille atemporelle dans la vie trépidante du siècle actuel. J’ai un coup de cœur pour la pierre tombale de Collis Sam, mort dans sa quatrième année en 1935 ; deux adorables peluches veillent, telles des sentinelles de l’amour.
Nous reprenons la route le cœur léger. Plus avant, nous traversons le pont sur la route 21 qui nous mène sur l’île de Port Royal où se trouve notre destination. Des villages de mobiles-homes se dévoilent le long de la route. Nous arrivons après quinze heures trente au Starbucks sur Boundary street, niché dans la même végétation que la plantation. La terrasse est ombragée par une ramure généreuse à la chevelure qui s’agite au vent. La jeune fille qui nous accueille, un casque de drive thru sur les oreilles, semble stressée. Son écoute se limite à la commande ; presque une attitude de robot humain. Un garçonnet blond, enjoué et volubile, est présent à la table voisine avec sa petite sœur, sa mère et sa mamie. Plus tard, au Comfort Suites sur Big John road à Beaufort, Uniqy, une jeune fille en apprentissage, et Lindsey nous accueillent et nous attribuent la chambre 223. Durant le déjeuner dans la chambre, un orage éclate, le tonnerre gronde, la pluie tombe en cataractes…
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