vendredi 7 juin 2024

De New Bern à Fayetteville en Caroline du Nord…

    En sortant du Comfort Suite, je salue Natalia à la réception qui m’offre un radieux sourire. Nous nous rendons au même Walmart qu’hier soir. Michelle nous accompagne pour trouver le rayon des dattes. Nous bavardons en chemin, les Walmart Supercenter ayant des centaines de mètres d’allées. Elle est originaire de Caroline du Sud. Ses ancêtres viennent d’Allemagne. Ashley, le sourire éclatant, nous accueille à la caisse. Nous prenons la route pour nous rendre à l’étape suivante. Plus avant, nous voyons au bord de la route une grande usine Electrolux où flotte un drapeau suédois. Patrick prend à la volée en photo un motel Super 8 à l’abandon au bord de la route. À onze heures vingt, à mi-parcours, je lui passe le volant à Princeton.

    Nous arrivons en fin de matinée dans l’aire urbaine de Fayetteville. Nous déjeunons à midi trente au Arnette Park en compagnie de deux écureuils. Téméraires, ils s'approchent de nous et restent à nos côtés. Ils apprécient de grignoter quelques noix de macadamia que nous leur offrons. Après le repas, les écureuils s'éloignent dans l'impermanence de la vie. Nous nous promenons sur les sentiers du parc.

    Plus tard, Alexandra nous accueille au Cape Fear Botanical Gardens. Tous différents, les jardins botaniques des Etats-Unis offrent d’attrayantes surprises. Ici, un crapaud debout qui tient une lanterne, tel un majordome, nous accueille dans les jardins. Nous nous promenons. Les bâtiments originaux à l’entrée sont d’envergure. Un lac avec un jet d’eau se dévoile. Une impressionnante structure en bois munie de passerelles coudées monte vers le ciel bleu où des nuées glissent sur la voûte terrestre. Un petit kiosque en bois en contrebas fait la joie des enfants. Des œuvres d’art, un banc déguisé en papillon, des fleurs discrètes, un kiosque charmeur, sont autant de voyages vers la beauté. Nous flânons dans la partie en sous-bois qui longe la rivière Cape Fear. Des écureuils sautillent. La sirène d’un train se laisse entendre à plusieurs reprises. Une courbe de la rivière entoure ce qui ressemble à un vaisseau de pierre entouré d’une onde ocre marron aux reflets mordorés. Plus avant, un sentier mène au bord de l’eau. Nous le suivons. Des ponts dissemblables sont traversés. De vénérables arbres morts, déracinés pour certains, surprennent les regards ; le sol sablonneux explique peut-être leur chute. Une motte de terre conséquente se dresse au pied d’un de ces géants couchés. Fiona me fait un petit signe en passant vers nous une seconde fois dans sa voiturette électrique. Nous découvrons un petit village dans les jardins où d’anciennes maisons en bois, dont un magasin général, nous emmènent dans les minutes d’autrefois. Un cabanon de toilettes en bois me rappelle mon enfance. Une sensation de quiétude se dégage de ces siècles passés en décalage temporel avec notre temps où tout va très vite, trop vite. En quittant le village, je vois une mariée en longue robe blanche qui se fait prendre en photo devant le kiosque. Une tonnelle aux glycines sera magnifique à contempler dans une quinzaine de jours lors de sa pleine floraison.

    Les seize heures approchent quand nous saluons Alexandra en sortant du jardin botanique. Les minutes suivantes nous voient entrer dans le Starbucks sur Cedar Creek road, situé à côté d’un motel Super 8. Maddie nous accueille. Nous sirotons une boisson chaude assis confortablement sur des cabriolets vert bronze pivotants. Un couple âgé dans des cabriolets voisins vivent avec la technologie du vingt et unième siècle. Le ballet des voitures en drive-thru est continuel. Nous vivons le road trip dans le royaume de la voiture. Nombre d’Américains sirotent leur boisson au volant. Prendre le temps de s’asseoir comme nous le faisons devient un luxe. Les habitudes changent avec le rythme de vie qui s’accélère ; la qualité de vie en est-elle meilleure ? Cette vie trépidante contraste avec les nombreux espaces verts des villes étendues.

    Plus tard, je m’assois dans un des fauteuils du hall de réception du Days Inn sur Cedar Creek road ; un couple âgé et un monsieur en short sont avant nous. L’homme est venu sans réservation et cela nécessite plus de temps. Une belle inconnue est présente sur l’écran de la télévision du hall. Shey, une flamboyante et chaleureuse jeune femme, nous accueille et nous attribue la chambre 125. Une de ses amies parle un « français asiatique ». Une mamie avec un chien en laisse attend après nous. Elle s’assoit aussi dans un fauteuil. Durant le dîner dans la chambre, nous parlons du prince Henri de Prusse.

    Les États-Unis auraient pu devenir une monarchie. En 1786, les membres du Congrès continental, avec Nathaniel Gorham comme cinquième président, voulaient un régime solide et autoritaire pour les États-Unis fraîchement libérés du joug britannique. Un échange de lettres eut lieu des deux côtés de l’Atlantique dans l’éventualité de faire monter sur le trône des États-Unis un prince européen. Le prince Henri de Prusse, frère du roi Frédéric II de Prusse, fut le candidat sollicité. Toutefois, le prince déclina la proposition ; s’il l’avait acceptée, l’Histoire de l’Amérique du nord et du monde aurait été toute autre…






































































































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