À midi, nous sommes au Whole Foods Market. Des nuages cotonneux défilent dans le ciel bleu. Un fort vent chaud souffle. Dylan nous accueille à la caisse. Kathy le guide au besoin dans son apprentissage. Nous déjeunons dans la salle en bordure du vitrage qui donne sur le boulevard Pine. A la sortie du supermarché, Patrick voit un gros pot de culture de pommes de terre. Nous retournons au motel. Un monsieur grisonnant entre deux âges nous adresse la parole dans la rue. Son flot de paroles est si rapide que la compréhension est impossible. Vers treize heures vingt, nous sommes à bord d’une rame de métro qui roule vers le centre-ville. Le jeune assis devant moi, qui porte des lunettes de vue à la monture dorée, s’est assoupi sur son siège. Une de ses tresses dépasse vers moi. Une grande roue se signale dans le paysage urbain peu esthétique. Nous descendons à la station Stadium.
Nous commençons les découvertes par une tête guillotinée et par le zip d’une fermeture éclair. Lawrence, qui me fait penser à Morgan Freeman, un badge de la firme Peabody sur la petite poche de sa chemise blanche, nous accueille et nous souhaite la bienvenue devant l’entrée du Citygarden. Âgé de soixante-dix ans, il est dynamique et chaleureux. Diverses statues et œuvres d’art se dévoilent dans le jardin. Je vois avec surprise un jeune homme assis sur un muret, des écouteurs sur les oreilles, qui tient un petit drapeau des USA flottant au vent. Près du gratte-ciel du siège de la société Peabody, le géant américain du charbon, fondée en 1883 par Francis Peabody, fils d'un éminent avocat de Chicago, situé au 701 Market street, construit en 1986, se dévoile la statue sans tête en costume rose de monsieur Nobody. Des œuvres resteront cachées, le jardin étant partiellement en travaux. Nous poursuivons le long de la rue Market où différents parcs et édifices de caractère se succèdent dont le Stifel Theatre, l’auditorium, et le City Hall. Les façades de l’Hôtel de ville semblent bien défraîchies. Sa construction, commencée en juillet 1890, s'est achevée quatorze ans plus tard. Nous arrivons au St. Louis Union Station Hotel by Hilton. Il occupe une ancienne gare. Nous entrons. Icône de St. Louis depuis 1894, la gare, qui abrite de nos jours l’hôtel Union Station, a gardé ses élégantes arches et le décor de son magnifique Grand Hall.
Le premier train arriva en gare d’Union le samedi 1er septembre 1894 à 13:45, inaugurant une période nouvelle et passionnante pour St. Louis, la quatrième plus grande ville des États-Unis en 1900. La ville devint alors une porte d’entrée vers toute l’Amérique de l’Ouest. Progressivement, la gare Union deviendra l'un des terminaux ferroviaires voyageurs les plus grands et les plus fréquentés au monde. La gare a connu son trafic le plus élevé lors de l'Exposition universelle de 1904, suivie des Jeux olympiques la même année, avec une fréquentation quotidienne de plus de cent mille voyageurs. Le dernier train de voyageurs est parti le mardi 31 octobre 1978 à 23 :38, clôturant le chapitre ferroviaire de l'histoire de la gare.
La ville fut fondée en 1764 par les Français Gilbert-Antoine de Saint Maxent, Pierre Laclède et Auguste Chouteau qui la nommèrent Saint Louis en l’honneur du roi de France Louis IX, dit Saint-Louis. Elle sera surnommée « Gateway to the West » [La porte vers l'Ouest] pour son rôle dans l'expansion vers l'ouest des États-Unis.
Au dix-septième siècle, la région de Saint-Louis fut explorée par les Français. En 1673, Louis Jolliet et Jacques Marquette commencèrent l'exploration du fleuve Mississippi. Quelques années plus tard, c'est Cavelier de la Salle qui descendit le cours d'eau jusqu'à son embouchure. Ce dernier pris possession de la vallée en la baptisant « Louisiane », en l'honneur de Louis XIV.
Nous nous attardons dans l’ancienne gare pour admirer dans le Grand Hall le vitrail allégorique en verre Tiffany représentant l'étendue du voyage en train dans les années 1890, de New York à San Francisco, en passant inévitablement par St. Louis. Je m’offre une vue plongeante sur le hangar à trains en décalage temporel. Nous sortons de ce lieu chargé d’histoire où le brouhaha des voyageurs du passé, qui se croisèrent dans le Grand Hall, glisse encore sur les murs de la voûte en berceau. Nous revenons à notre point de départ par Chestnut street. Plus tard, Matty et Eliane nous accueillent comme hier au Starbucks de l’hôtel Hilton. Elles semblent ravies de nous revoir. Nous prenons place comme hier dans de confortables cabriolets vers la cheminée. Nous laissons les minutes nous délasser après plus de dix mille pas ans le centre-ville de St. Louis…
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