jeudi 23 mai 2024

De Saint Louis au Missouri à Marion dans l’Illinois…

    Nous quittons le Bel Air vers neuf heures trente. Nous prenons la direction de l’étape suivante. La circulation sur les nombreuses bretelles et chaussées aériennes du cœur de la ville est dense et irrégulière. Nous nous arrêtons dans la ville d’O’Fallon pour effectuer des courses dans un Walmart. Le ciel est nuageux et la température oscille autour de vingt-cinq degrés. À la caisse, Jacqueline, à la dentition clairsemée, nous dit que tout va bien aujourd’hui. Elle est née dans l’État du Mississippi. Elle aimerait visiter la France. Son élocution lente et articulée me permet de la comprendre. À onze heures vingt, je passe le volant à Patrick à Nashville dans l’Illinois, État où nous venons d'entrer en traversant le Mississippi à la sortie de Saint Louis. Une quinzaine de minutes plus tard, nous sommes arrêtés sur la route durant plusieurs minutes en raison de travaux sur les voies. Plus tard, vers midi, la pluie se met à tomber. Le son entendu sur le pare-brise ressemble à celui de mini-grêlons.

    Une quinzaine de minutes plus tard, nous arrivons au Rend Park. Nous pique-niquons, abrités par la toiture d’un préau. Après avoir changé de table en début de repas, nous mangeons en assistant à un spectacle sons et lumières offert par les éléments déchaînés : éclairs zébrant le ciel, souffle irrégulier du vent et trombes d’eau, telles des cataractes qui font naître un rideau de pluie tout autour de nous. En mai 1982, une mémorable tornade s’est abattue sur l'Illinois avec des vents dépassant les quatre cents kilomètres à l’heure. En fin de repas, l’orage se calme et nous pouvons aller aux toilettes dans le Visitor’s center où je vois qu’Elizabeth J. Magie (1866-1948) fut la créatrice du Landlord’s Game, connu mondialement par la suite sous le nom de Monopoly. Inspirée par l'économiste Henry George, pour dénoncer l'oppression des rentiers de l'immobilier sur les locataires, elle inventa durant l'année 1904 le jeu qui allait faire le tour du monde. Elle est née à Macomb, dans l’Illinois, à environ quatre cents kilomètres du Lac Rend où nous avons pique-niqué.

    Nous reprenons la route une heure après notre arrivée. Une pluie fine continue de tomber. Nous arrivons un peu avant quatorze heures dans la ville de Marion dont la devise est : « Marion, centre de l'Univers ». La ville tient son nom de Francis Marion (1732-1795) dit « Le Renard des marais » durant la guerre d'indépendance. Son nom est issu d'une famille d'origine huguenote. Le personnage du capitaine Benjamin Martin, interprété par Mel Gibson dans le film « The Patriot, le chemin de la liberté » de Roland Emmerich, est en partie inspiré des faits d'armes de Francis Marion. Nous allons découvrir les Mandala Gardens le long de la rue résidentielle State. L’entrée est à deux dollars par personne. Nous sonnons à la porte de la maison de droite ; un monsieur cordial en short ouvre et encaisse les quatre dollars. Une accalmie nous offre une belle promenade. Les oiseaux chantent. Je ressens une sensation de bien-être et de bonheur paisible dans les jardins où une simplicité dans la joie de vivre se dégage du lieu enchanteur. Un petit lac miroir participe à la magie du lieu en reflétant les arbres à la ramure épanouie, les embellissements en pierres et le séduisant kiosque où se déroulent de temps à autre des cérémonies de mariage. Un certain laisser-aller, savamment dosé, confère un charme bohème au jardin. Un vieux pickup rouillé apporte une note temporelle et silencieuse sur son passé. Les propriétaires cultivent des fleurs dans une serre et les proposent à la vente à des tarifs d’amis.

    Nous quittons le jardin vers quinze heures. Le long de la rue State, avant l’intersection avec Patrick’s street, je photographie une demeure de caractère. Un alignement de boîtes aux lettres rappelle que nous sommes bien au pays de l’oncle Sam. En face de l’imposante demeure lambrissée en crème et à la véranda de l’entrée flanquée de grandes colonnes carrées blanches, une maison de plain-pied charme mon regard avec les deux fauteuils à bascule présents sur la véranda ; un éloge au farniente dans un monde de rendement et d’efficacité. Dans la dizaine de minutes suivantes, Shelley, concentrée, au sourire discret, nous accueille au Starbucks sur Walton way. Nous prenons place à la table ronde à l’angle de la grande salle. La jeune fille à ma gauche, assise sur la banquette commune avec une autre jeune fille qui lui ressemble, toutes deux avec une longue chevelure blonde, œuvre alternativement sur ordinateur, tablette smartphone. Elle utilise un stylet pour écrire sur l’écran de la tablette. Le futur se conjugue maintenant au présent. Comment imaginer cela possible quand je travaillais encore au magasin avant l’an deux mille ? Je sirote lentement un thé vert Matcha au lait d’amande. Patrick se fait plaisir avec un cappuccino. Une musique rythmée se laisse entendre en fond sonore. Je me sens bien à des milliers de kilomètres physiques de la Haute-Savoie de ma naissance et à deux pas dans mon esprit affranchi des distances. Seul le temps écoulé l’habite, le présent se vivant à chaque seconde avant de disparaître dans les méandres de l'esprit liés à l’émotionnel qui en imprègne la trame de mille et une manières, dans les mille et une nuits de son fabuleux voyage intérieur.

    Plus tard, le ciel redevenu bleu, Anu, une agréable jeune fille à la longue chevelure noire nous accueille au motel Super 8 sur Vernell road. Née au Népal, elle travaille aux États-Unis depuis deux ans. Elle a remarqué que je porte un pantalon népalais. Elle nous attribue la chambre 205. Nous nous installons pour cette nuit au pays d’Elizabeth Magie dont le nom de famille semble lui aller comme un gant…






























































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