lundi 13 mai 2024

De Longview au Texas à Shreveport en Louisiane…

    Après l’étape d’hier à Longview au Texas durant laquelle nous avons rendu visite à nos amis Ken et Mary Jane, nous roulons vers la suivante qui se situe en Louisiane. Notre amitié remonte à l’année 2008 où j’ai joué au piano dans la suite de Ken et Barbara, décédée par la suite, sur le navire Voyager of the Seas lors d’une traversée de l’océan atlantique entre Barcelone et Galveston au Texas ; de bien beaux souvenirs ! Quand nous avons quitté le Comfort Suites, Shey nous a souhaité un beau voyage. Le ciel est nuageux. La pluie tombe distraitement de temps à autre. Nous suivons la route 80 jusqu’à notre destination. Nous passons devant le Meadow Creek Ranch. La forêt nous accompagne des deux côtés de la route. Nombre de maisons dont de nombreuses coquettes se dévoilent dans des écrins de verdure. Nous traversons la ville de Marshall. À l’angle du boulevard Alamo, une des nombreuses églises aux noms variés et parfois fantaisistes que nous voyons tout au long du road trip, se remarque. La ville est résidentielle. Un peu partout sous les arbres et dans les sous-bois, des maisons sont nichées, toutes différentes ; des mobiles homes participent aussi à cette diversité résidentielle attrayante. Bien plus d’une maison me séduisent, comme celle de nos amis hier.

    Nous entrons à dix heures quarante dans l’État de Louisiane. La zone urbaine de Shreveport commence une trentaine de minutes avant notre destination au niveau du centre-ville. Partout, des constructions variées et espacées se succèdent tout au long de la route. Proche de Shreveport, sur des kilomètres, nous longeons des trains de marchandises arrêtés sur les voies. Dans le décor, les panneaux des cabinets d’avocats et des églises se signalent, comme dans toutes les villes. Je lis sur l’un d’eux : « The Hope has a name : Jesus ». La ville en elle-même représente un poumon de végétation exubérante ; les arbres se comptent par milliers. Nous arrivons à onze heures vingt au Whole Foods Market sur la soixante dixième rue. Kay, une superbe jeune fille avenante, se renseigne et nous pilote vers le rayon des Lärabar. Tissey, une jeune femme plantureuse à la chevelure embellie de couleur rouge rubis, nous accueille à la caisse. Nous déjeunons à la terrasse du supermarché.

    Après le repas, nous allons découvrir les Asian Gardens le long de l’avenue Texas. Le quartier qui se délabre semble abandonné à son sort. Dans les jardins, nous nous attardons devant les œuvres qui nous plaisent. A proximité, nous découvrons le préau au design original du Caddo Common Park où jadis des concerts devaient animer le quartier qui semble peiner à sortir de son isolement. La statut d’un chien dalmatien géant interpelle devant ce qui ressemble à un campanile surmonté de flammes en acier. La chance opère en me dévoilant alentour des maisons historiques de charme dont la prestigieuse Logan Mansion construite en 1897 qui emporte ma préférence. Ces demeures de charme à restaurer vivent dans l’espoir de retrouver une partie du faste de leur période de magnificence. Après des instants d’admiration et de regret de ne pouvoir me promener dans le passé fastueux de ces dames éclatantes de créativité, nous allons nous promener dans le Veterans Park qui borde la rivière rouge.

    Les oiseaux chantent. Les écureuils vaquent à leurs occupations. La rivière rouge coule paisiblement. Nous croisons un jeune coureur qui répond en français à mon bonjour. Je pense au fleuve du temps sur lequel la créativité humaine se dessine temporairement même si nombre de mes semblables s’accrochent à leurs possessions. Depuis que nous avons vendu presque tous nos biens terrestres et que nous sommes nomades sur cette belle planète accueillante, nous vivons dans l’instant présent qui survole les créations humaines et terrestres sans dévoiler l’histoire se rattachant à toute chose, sans dévoiler l’existence quotidienne des êtres humains dont nous effleurons la vie. Ma soif de tout connaître devra attendre la fin de mon parcours terrestre pour un lever de rideau dans la mémoire cosmique où tout est sauvegardé à jamais. Nous rebroussons chemin au bout du parc au niveau du pont de chemin de fer rouillé Shreveport Railroad Bridge North ; sa couleur s’apparente à celle de la rivière. Situé au cœur de la ville, ce vénérable grand pont à quatre travées en treillis, dont une pivotante, continue de transporter de lourds trains de marchandises. Nous marchons vers l’autre extrémité du parc où des escaliers se perdent dans l’eau ocre rouge. Les crues des jours derniers, qui ont provoqué des inondations au Texas, ont fait monter le niveau de la rivière.

    Après de plaisants instants dans la nature verdoyante du parc et quelque sept kilomètres dans les jambes, nous allons nous désaltérer au nouveau Starbucks ouvert sur Kings Highway. Kiara, une belle et plantureuse jeune femme créole, nous accueille à la caisse. Cappuccino et thé vert Matcha sont sirotés dans la salle peu climatisée au regard du Whole Foods qui s’imaginait au pôle nord. Après une trentaine de minutes de détente, nous prenons la direction de notre hôtel. A un feu rouge, nous donnons quelque argent à Amanda qui demande l’aumône. Frêle jeune femme en pantalon rose et ample tee-shirt blanc, je lui souhaite : « The best in her life ». Elle sourit et son regard s’illumine. Je la prends en photo de dos quand elle s’éloigne de son point initial. Nous tâtonnons autour de notre destination suite à des routes fermées pour trouver l'entrée du parking de l'Holiday Inn. Cela nous offre de découvrir des vues des quartiers historiques dont une superbe immense fresque.

    Lorsque les premiers colons s’installèrent au début des années 1800 dans la région, connue aujourd'hui sous le nom de Shreveport-Bossier, elle était occupée par les Amérindiens Caddo. Shreveport commença à prospérer lorsque le capitaine Henry Miller Shreve et sa brigade détruisirent le Grand Radeau qui obstruait la rivière Rouge. Au début de l'histoire de la Louisiane, la rivière Rouge entre Shreveport et Natchitoches était obstruée par un agglomérat naturel de troncs d’arbres, de bûches, dû à des crues soudaines et à des arbres morts emportés par les eaux qui créaient des embâcles. L’agglomérat était si étendu qu'on l'appelait le « Grand Radeau ». Cet amas de substances végétales naturellement agglomérées, recouvert de plantes et de végétation, s’enfonçait profondément dans le lit de la rivière sur près de deux cents milles de long dans les années 1830. Ces embâcles provoquèrent le débordement régulier de la rivière dans les basses terres voisines en créant plusieurs lacs en Louisiane qui subsistent aujourd'hui. Après le succès de Shreve et de sa brigade, Shreveport-Bossier devint l'épicentre des manigances du Far West, des drames de l'ère victorienne, de l'histoire du rock'n'roll et des avancées cruciales en matière de droits civiques. De nos jours, les visiteurs peuvent marcher sur les traces d'Elvis Presley et de nombreuses autres stars en découvrant comment ils firent leurs débuts dans l'émission de radio Louisiana Hayride à l' Auditorium municipal de Shreveport… De nos jours, outre le dragage régulier du lit de la rivière, le Corps des ingénieurs de l'armée exploite une série de quatre écluses et barrages sur la rivière Rouge pour pallier la formation de nouvelles embâcles.

    Karl nous accueille à l’hôtel Holiday Inn et nous attribue la chambre 537 pour une première nuit dans la ville aux étonnants contrastes. Après le dîner dans la chambre, un plaisant coucher de soleil se dévoile depuis la fenêtre…




























































































Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

André et Patrick auront plaisir à lire vos impressions sur le blog...