Le ciel est bleu et le soleil brille. Nous déjeunons à midi au Café l’Écomotive. Patrick opte pour la formule trois du plat du jour et moi pour la une. Presque toutes les tables sont occupées. Un bébé pleure. Une jeune personne assise sur un fauteuil roulant entre par une porte latérale de plain-pied. Après le repas, nous prenons la direction du Vieux Port par la Canebière. À quatorze heures, nous sommes devant le girafon qui a reçu un plein de livres ; un monsieur présent à la terrasse du proche café vient déposer trois livres supplémentaires. Nous suivons tour à tour le quai du Port, l’avenue Vaudoyer et le quai de la Tournette. Nous nous attardons devant la cathédrale La Major à une courte distance du quai à vol d’oiseau. Plus avant sur le quai, je tombe en admiration devant une œuvre du sculpteur Bruno Catalano, intitulée « Bleu de Chine ». Bruno, qui est né à Khouribga au Maroc en 1960, a connu l’exil et la vie sur les bateaux. Personnage en fragments, le voyageur de Bruno semble rattaché au monde par l’objet qui permet l’évasion : la valise. Bruno a fait partie des immigrés du Maroc, il est arrivé à Marseille avec une simple valise. Plus avant, le long du quai de la Joliette, nous passons devant le bâtiment en angle aux façades grèges de l’ancien siège de la Compagnie Générale Transatlantique. De 1862 à 1975, près de cinq cents navires arborèrent le pavillon à globe rouge sur toutes les mers du monde ; la Compagnie Générale Transatlantique fut la plus célèbre compagnie maritime française. Construit en 1928 selon les plans de l’architecte Gaston Castel, le bâtiment Art Déco a été agrandi en 1945 suite à la construction des luxueux paquebots ; la Compagnie organisait des croisières grand luxe pour la haute société. La compagnie, devenue Société Nationale Maritime Corse Méditerranée (SNCM) en 1976, a été vendue en mai 2012. Des bureaux, des appartements, des commerces et une résidence de tourisme 4 étoiles occupent les lieux de nos jours. Nous nous attardons devant la Tour à l’horloge de l’ancienne compagnie qui se dresse fièrement devant le littoral tel l’étendard des années trente. Dans les minutes suivantes, nous arrivons sur la place de la Joliette. Un superbe bâtiment abrite les Docks Village. Nous entrons par une des portes latérales et un univers de magie créative décorative se dévoile.
Au début des années 1850, la ville de Marseille décida d'installer, sur un terrain de dix hectares vendu par l'État, des docks qui furent alors concédés à une société privée. Les Docks furent construits entre 1856 et 1866, d'après les plans de Paulin Talabot, pour le stockage des marchandises du port avant leur expédition par voie ferrée. Ce furent à l'époque les plus grands docks européens. Leur architecture s’inspira des docks de Londres et de Liverpool. La ville de Marseille était en plein développement et la calanque du Lacydon, le port historique désigné aujourd'hui sous le nom de « Vieux port », peinait à accueillir les navires en provenance du monde entier. La municipalité prit alors la décision de créer un nouveau bassin portuaire, au nord de la ville, à proximité de la cathédrale La Major. Le bassin de la Joliette, tel fut son nom, ouvrit à la navigation en 1853. D'une superficie de vingt hectares, il marqua le début des travaux de création du nouveau port de commerce, se traduisant par la construction, jusqu'aux années 1970, de plusieurs bassins bordés de quais. En 1988, l'activité industrielle des docks s’arrêta. Des années passèrent. Les docks furent progressivement restaurés dans les années 1990 ; leur transformation fut confiée à l'architecte Éric Castaldi. Aujourd'hui, ils abritent des sièges de sociétés, de services publics, administratifs et culturels… et des commerces et restaurants au rez-de-chaussée. Plus de deux cents entreprises emploient plus de trois mille personnes dans les six étages de ces bâtiments desservis par divers ascenseurs dont les descendants furent les premiers ascenseurs hydrauliques de Marseille...
Nous traversons les cinq corps de bâtiments de pierres et de briques qui mesurent près de quatre cents mètres de long. Je m’extasie devant l’agencement décoratif des quatre atriums qui séparent les cinq corps. Nous sortons à l’opposé au niveau de la place Henri Verneuil où l’habillage des façades s’apparente quelque part à celui de celles du Mucem. Nous revenons sur nos pas en suivant le quai du Lazaret qui longe les façades ensoleillées du village des Docks. De l’autre côté du quai, nous voyons un immense centre commercial baptisé Les Terrasses du Port. Nous entrons. Les Terrasses du Port font partie des centres commerciaux les plus récents de Marseille. Le centre regroupe près de deux cents boutiques et plus d’une vingtaine de restaurants et cafés. Nous prenons les escalators et nous nous promenons dans les allées. Nous entrons dans un magasin Apple dont la sortie arrière entièrement vitrée donnant sur une longue esplanade offre une vue magnifique sur la mer, sur le ballet des bateaux de croisière escortés des cris des mouettes sous le soleil automnal. Un paquebot Costa et un autre de la compagnie MSC sont à quai. Nous flânons sur la terrasse, nous admirons le paysage côtier et nous retournons dans le centre en traversant le magasin Apple. Nous découvrons un magasin Uniqlo, la marque japonaise qui aurait pu s’installer dans le magasin de Borly si les circonstances avaient été favorables. Nous achetons un sac à bandoulière en velours chaudron, pratique et ingénieux, et des chaussettes, confortables et presque inusables, que nous déposons pour le paiement dans un bac aux rayons invisibles qui déchiffrent les codes barres en une seconde. Les seize heures approchent quand nous sortons du magasin. Nous décidons d’aller nous désaltérer dans le Starbucks du centre dont la vue donne sur les Docks village et le quai du Lazaret. En chemin, nous passons devant un magasin Lego où un navire Titanic en Lego de belle envergure trône dans une vitrine. Marion m’accueille pour la commande des deux chocolats chauds Signature. Je lui parle des aventures d’Alice Roy, Marion Webb et Bess Taylor de la Bibliothèque Verte de mon enfance. Marion est riche de quelque vingt printemps et ignore tout de cette collection qui fut un très grand succès de librairie avec plus de dix millions d’exemplaires vendus en France de 1955 à 1974 chez Hachette ; l’impermanence offre des chemins de vie différents et autres. Corentin, souriant, prépare les boissons. Nous les sirotons à l’angle de la petite salle. Une dame oublie son sac en partant, Patrick hèle le monsieur qui l’accompagne ; il revient sur ses pas pour prendre le sac que je lui tends. Après des instants de détente, nous sortons du centre commercial, nous suivons l’avenue Robert Schuman qui monte jusqu’à la place Albert Londres où se situe la cathédrale La Major. Sous le ciel d’azur, nous marchons sur l’esplanade Jean-Paul II qui entoure la basilique baignée des rayons du soleil qui décline à l’horizon. La vue est magnifique. Nous entrons dans l’édifice religieux. Près de l’autel, je prends en photo la cathèdre en velours rouge et boiserie dorée offerte par Napoléon III à Eugène de Mazenod, canonisé en 1995 par Jean-Paul II ; une affaire de famille ! La cathédrale fut construite en style néo byzantin entre 1852 et 1893 sur les plans de l'architecte Léon Vaudoyer. Les dix-sept heures approchent. Nous prenons la direction de l’appartement. Nous voyons la sortie du tunnel du Vieux Port depuis l’avenue Vaudoyer…
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