vendredi 29 mars 2024

Journée ensoleillée en océan Pacifique avec une température de 34° Celsius…

 




Pensée du jour

 Une bonne action engendrée par la peur de la punition n’est pas une bonne action : c’est une action intéressée, tout aussi moralement médiocre que le respect d’une coutume, et l’assurance du bien dont elle procède peut entraîner dans des abîmes d’atrocités.

Pacôme Thiellement
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jeudi 28 mars 2024

Escale à Puntarenas au Costa Rica…

    Vers huit heures, le navire accoste au port de Puntarenas au Costa Rica, une ville située sur une péninsule dans le golfe de Nicoya. Distante d’une bonne centaine de kilomètres de San José, la capitale du Costa Rica, par la route panaméricaine, reliée au continent par l’isthme d’Angostura, elle occupe une grande partie de la péninsule longue de quelque six kilomètres et large en moyenne de  quatre cents mètres. Grâce à son climat tropical, la température de la ville oscille entre 33° et 22° selon les saisons.

    Nous descendons à terre après le déjeuner au buffet. La température dépasse les trente degrés. Nous marchons le long de la jetée bétonnée pour joindre l’ancienne Capitainerie de Puntarenas. Nous croisons un petit train touristique. Nous longeons la plage, longue de plus de deux kilomètres, pour joindre le phare à l’extrémité de la péninsule. Tout au long de la promenade, bordée de palmiers et d’arbres divers, rachitiques pour certains, aux troncs noueux et agréablement tordus, se dévoilent en continu des tonnelles pliantes colorées aux chapiteaux pointus installées sur le sable près de l’eau, des tentes de camping colorées, des œuvres d’art, des fresques attrayantes, des bars, des restaurants, des hôtels, des étals de marchandises variées, des camionnettes itinérantes de restauration, ludiques pour certaines. La quasi-totalité des tonnelles sont occupées ; beaucoup de baigneurs profitent des flots calmes aux vagues discrètes qui s’évanouissent dans une écume fugace. Nous passons devant les lettres colorées du mot « Puntarenas ». Des bancs en pierre grise, sculptés latéralement, jalonnent la promenade ; certains ont perdu leur siège. Je m’attarde devant un séduisant manège de tasses de thé colorées surmontées d’une belle théière centrale. Certains bâtiments de caractère retiennent mon attention. Nous croisons des étals sur roues qui proposent boissons et en-cas variés. Certains îlots de poubelles en bois avec toiture se remarquent plaisamment. Une camionnette itinérante originale de restauration, blanc et rouge, est flanquée d’un mannequin footballeur et d’une petite barque sur la toiture. Plus avant, un bambin s’amuse avec une petite pelle dans le sable ; un homme dans un hamac et une femme allongée sur une serviette de plage verte se reposent près de lui. La plage se termine par de petites criques de galets, séparées par de courtes jetées. Nous atteignons le phare. Je m’avance sur la dernière jetée où un jeune couple en maillot de bain profite de la vie en s’embrassant. Le garçon me tend son smartphone pour le prendre en photo avec sa compagne. Son torse est décoré de tatouages éphémères du plus bel effet. Patrick et moi bavardons agréablement tant bien que mal avec des mots de langues différentes. Je prends le couple en photo, tout sourire, et avant de continuer la promenade, je lui souhaite una buena vida.

    Nous poursuivons le tour partiel de la péninsule. Nous arrivons à la Estación abordaje [station d’embarquement] des ferries. Le San Lucas II s’apprête à partir pour la plage de Naranjo. Un autre partira pour Paquera un peu plus tard. Les véhicules qui vont embarquer forment deux files d’attente. Plus avant, des bateaux de pêche, des barques et des embarcations de plaisance se dévoilent au mouillage. La route du bord de l’eau se termine par une ruelle bordée de maisons sans prétention, toutes d’aspect différent. La folie des plans d’urbanisme français leur a été épargnée. Nous marchons dans la rue centrale, bordée également de maisons diverses et de bâtiments professionnels. Je m’attarde devant une maisonnette de couleur violette. De temps à autre mon regard entre par une fenêtre ou par une véranda ouverte sur la rue. Un grand écran plat de télévision contraste avec l’agencement succinct d’une grande pièce. Un arbre aux fleurs en forme de clochettes jaunes séduit mon regard. Plus avant, la caissière du petit supermarché Super Cruz ouvert sur la rue m’offre un beau sourire. Devant le magasin, le trottoir peint de motifs géométriques colorés représente une belle accroche publicitaire dans la rue. Nous arrivons à la cathédrale de Puntarenas construite en pierre en 1902. Nous flânons dans les allées du parc où un petit pont en pierre montre une certaine créativité. A proximité, nous entrons dans le parc de la Victoria, un site historique lié à la victoire de l'armée costaricienne remportée dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle contre le flibustier William Walker lors de la campagne nationale de 1856 et 1857. Un kiosque, une autre construction circulaire et des bancs en pierre montrent des tons d’orange, de bleu et de blanc. A côté du parc, je tombe en admiration devant une superbe maison d’angle arrondi, bardée de planches horizontales à clin de couleur jaune de Naples, richement décorée, embellie d’une véranda aux fines colonnes au premier étage dotée d’une magnifique rambarde en fer forgé ouvragé de couleur violine assortie aux encadrements des fenêtres peints en forme d’arche. Une frise en haut de chacun des premiers niveaux et des jacobines sur la toiture en tôle rouge enjolivent la demeure de charme. Je verrai plus tard sur le bateau qu’il s’agit de la Casa Fait.

    Probablement le plus beau bâtiment de Puntarenas, la Casa Fait, qui offre un parfum colonial des années 1920, appartient à un couple allemand qui l'a restaurée avec amour. A l’intérieur, un nombre remarquable d'antiquités personnalise la maison. Alberto Fait Rocchi, un Italien qui vivait au Costa Rica depuis 1887 et plus précisément à Puntarenas depuis 1900, outre plusieurs bâtiments dans le port, construisit sa maison coloniale entre 1924 et 1925. Architecte et mécanicien très qualifié, il fit fortune en réparant notamment les chaudières des navires gouvernementaux. Il résida en famille dans sa maison une dizaine d’années avant de retourner vivre en Italie. La maison fut vendue à Miguel Macaya Lahmann. Les années passèrent. Au début des années cinquante, Miguel vendit la maison au consul des États-Unis Earl G. Gelperstell qui venait d’épouser Margarita Olivares. Après la mort de Earl, sa veuve hérita de la casa. Ensuite, elle devint la résidence de ses proches, la famille Vargas Olivares qui la vendit au début du siècle au propriétaire actuel.

    Nous contournons la maison d’Alberto, qui donne sur le golfe de Nicoya en disposant de son propre ponton, pour découvrir un petit port discret qui hésite entre passé et présent au regard des vestiges d’une ancienne jetée en bois et d’une grande bâtisse en délabrement qui s’inquiète de son avenir. De vieux bateaux côtoient des embarcations récentes. Nous revenons sur nos pas, nous longeons le parc où un jeune homme barbu nous sollicite pour recevoir un dollar. Nous suivons ensuite l’avenue numéro un. J’échange de temps à autre un sourire avec des habitants. Nous cherchons le salon de thé Josefina qui semble avoir disparu. Nous revenons vers le port en suivant diverses rues. Nous sommes de retour au navire après plus de huit kilomètres parcourus sous les ardents rayons du soleil durant plus de deux heures trente de marche et de découvertes…